Vu par Michel :
Nouveau concert assis à l'Orangerie, pour accueillir une des plus belles voix en provenance du Deep South .
Lizz Wright est née en 1980 à Hahira (Georgia).Fille d'un pasteur,dès ses 6 ans ,elle chante à l'église. En mars 2008, est sorti son 3è CD: 'The Orchard' (Verve).
Cette tournée doit promouvoir ce disque magnifique qui ,signifie un retour aux sources: gospel, jazz , country , blues sans renier des éléments soul.
Si 'Salt' 2003 et 'Dreaming Wide Awake'2005 sonnaient plus jazzy (je l'ai vue, accompagnée d'un trio jazz traditionnel au club de l'AB ,après la sortie de SALT ,et j'étais sous le charme) 'The Orchard' est plus éclectique que jamais. Les influences blues ou folk/rock sont bien présentes dans les nouvelles compositions et ,la soulful voice de Lizz fait merveille, dans tous les registres.
A signaler ,sa participation à un album tribute pour Ella Fitzgerald : 'We love Ella'
Pas de support: résultat il faut patienter pendant 1/2h pour que la salle se remplisse. Chiants , les éternels retardataires qui se disent on s'en fout de l'avant-programme !
Arrivée du band :
une choriste black(Gina Breedlove) ,à la voix noire (of course!)-un claviériste (3 keyboards) souverain (Jeremy Mage) - un drummer (Chris Eddleton) jazzy, racé et discret mais redoutable d'efficacité - Nicholas d'Amato est tout aussi retenu à la basse ,mais avec son pote le batteur ,ils t'envoient une rythmique impériale - pour la fine bouche: Oren Bloedow ,à la guitare (décorée d'un graffiti 'Soul Spaceship' ).Cette pointure a joué pour les Lounge Lizards et son association avec Jennifer Charles ,dans Elysean Fields, est dans toutes les mémoires.Ici pas de pop bien gentille , mais des riffs bluesy ou funky qui te font regretter d'être assis.
Intro aux keyboard :entrée de la grande Lizz. Elle est vêtue de noir: jupe,cape et bonnet de laine (qu'elle ne quittera pas).
'Trouble' de l'album précédent. Lizz n'a aucun besoin de forcer la voix, son timbre est spontané ,et chaud. I feel cosy on stage,dit-elle. Tout, chez elle, semble naturel et simple: du miel!
'My heart' le single,du nouveau Cd. Un morceau torride au rythme flamenco.
Lizz, la féline ,a ôté sa cape . Elle arbore un T-shirt noir ,lui dénudant les épaules. Sensualité. La musique doit se partager, I'm not an entertainer ,we'll do the show together.... assis c'est dur!
'I idolize you' écrit par Mr Ike Turner , un blues swampy à souhait . Lignes de guitare époustouflantes.La diva laisse jouer son combo,des breaks gluants.
' Another Angel' sweet and mellow,chantant la fin d'une liaison.
'Speak your heart' ... I know what you want to say I see the words behind your eyes... tendre et sensible,la chorus girl ajoutant des 'let me in let me go I won't go down if you say no.....' J'ai sorti mes Kleenex.The lady has soul!
'Old Man' les perles se succèdent.Un blues signé Neil Young...Old man look at my life I'm a lot like you were... No comment , la classe!
'Hit the Ground' un gospel ,tu penses à Otis Redding et aux plus grands chanteurs noirs!
'Leave me standing alone' une guitare plaintive et saturée ,relayé par l'orgue (qui sonne comme un Hammond). Un blues juteux. Une musique qui vient des tripes ,on a des frissons.Mon jeune voisin ,photographe pour la VRT ,a déposé son appareil après le premier morceau et vibre à ces heartbreaking tunes. le spirit de Billie Holiday plane dans la salle.
'Song for Mia' mélancolie et classicisme.
'This is ' ....this is magic this is new beginnings ....une voix à la fois sexy et maternelle.
'When I fall' titre intospectif.
'Coming home' morceau ouvrant 'The Orchard' ,un autre blues poignant,virant negro spiritual ...I go down in your water and I won't turn away... nostalgie de son enfance, de son verger( her orchard) .On est tous des poor niggers ,sous le joug d'affreux rednecks.
This will be the last one , thank you... 'Walk with me, Lord' a traditional.
Un gros son te travaillant les entrailles pour ce gospel ,un chant dolent . Lizz est d'ailleurs relayée par la choriste ,qui se lamente ...hold my hand,lord... break ,les musiciens peuvent donner la pleine mesure ,ça balance ferme.Un titre explosif et steamy ,meilleur que du Delaney & Bonnie ,époque Clapton! Lizz se tire en catimini , laissant le soin au band de mener le titre vers l'explosion finale.
75' de show. On aura gueulé , tapé des pieds et mains pendant 10' en vain.
Pas de rappel!
Never mind, je ne raterai pas le prochain show de la best contralto voice in Georgia.
Vu par Florin :
Je ne connaissais pas du tout Lizz Wright et l'ai découvert grâce à son annonce au Botanique, tout comme mon voisin de siège qui parlait français. A part lui, je n'entendais parler que flamand et anglais autour de moi, me demandant si le public francophone était silencieux ou absent. Ce concert avait lieu à l'Orangerie avec placement assis libre. Après tout de même 40 minutes de retard, la chanteuse prend place dans une configuration inhabituelle en U avec les percussions à l'avant gauche suivies par la guitare basse, la vedette au centre et en retrait, la guitare électrique, sa choriste et finalement le clavier à l'avant droit de la scène. J'avais un peu peur de me faire exploser les tympans car j'étais assis à 3m des caisses mais ça va, il a joué soft. D'emblée elle nous annonce qu'elle n'est pas une « entertainer » et qu'elle ne sait pas ce qu'on vient chercher, nous disant que la musique est faite par les gens dans la salle, par l'énergie qu'on partage ensemble et offrant juste de la partager avec elle. Elle ne dira rien d'autre durant le bref concert qu'elle donnera (environs 1h). A ma droite j'avais un vrai fan qui se secouait sans arrêt, on aurait même dit qu'il entrait en transes par moments. Dans le public beaucoup de gens ont certainement confondus l'événement avec une fête foraine, les allées et venues de gens qui revenaient chargés de verres de bière en témoignait. C'est non seulement irritant pour le public qui voit un défilé permanent mais un réel manque de respect pour les artistes, on peut quand même s'abstenir de boire son breuvage national pendant une si courte période ! Lizz de son coté ne voyait pas grand-chose de ce remue ménage car elle a gardée les yeux fermés durant tout le concert. J'avais beau chercher à capter un regard, nada, le vide, j'ai donc fini par également fermer les yeux à un moment puisqu'il n'y avait rien à voir et me suis laissé bercer par les secousses de mon voisin. La musique était bonne, elle alternait des morceaux lents avec du Blues et même une petite touche country, en terminant par un Gospel qu'elle a annoncé être le dernier morceau de son récital. Après la dernière note elle a dit merci et a disparue illico, suivie par ses musiciens. La salle avait beau taper des pieds et des mains, la diva avait fait le travail qu'on lui avait demandé, de façon parfaite même, donc irréprochable aux yeux de ses compatriotes. OK y'en a qui le méritaient bien, ceux avec leurs grande soif et c'est bien fait pour leur pomme !... mais les autres alors ? Je n'ai jamais vu une telle froideur, voir même arrogance, certainement pas chez un chanteur européen si situant dans un registre de musique à tendance humaine, à moins qu'il ne s'agissait d'un core business touchant un public cible dont les statistiques démontrent une nette perspective de progression selon la qualification du groupement des musiciens réunis en vue de distiller une émotion bien travaillée. Vous l'aurez compris, j'en garde un goût un peu « fast food »... j'ai terminé la soirée à La Porte Noire avec les deux visiteuses françaises rencontrée 2 jours avant (voir article sur Ane Brun) que j'ai retrouvé dans ce lieu sympa ou un orchestre jouait du jazz dans une d'ambiance décontractée. Une pita à 1h du matin suivie par une visite de Bruxelles by night en voiture en les raccompagnant sagement à leur auberge et rentrant avec le souvenir d'artistes en herbe plus grandes que la Diva de mon article.