Bouzille de fous - Bulldozer Butterfly - l'Estran à Binic, le 4 octobre 2025

Bouzille de fous - Bulldozer Butterfly - l'Estran à Binic, le 4 octobre 2025

NOPO (PHOTOS NOELLE)

BUTTERFLY BULLDOZER à Bouzille de fous (événement tatouage), Binic le 4 Octobre 2025

L'EP spatial et spécial du Bull au nœud papillon, en 2023, marque un envol pour le moins étonnant (voir ici ). Une histoire de science-fiction avec un équipage à 5 personnages principaux dont les patronymes intitulent certains des morceaux : OB-1, Tank, Captain Fuzz, Rocket et Professor Tricks. Quant au BB, c'est le nom de leur vaisseau.

L'envie de voir ce que ça pouvait donner sur scène se faisant pressante, l'annonce de leur passage à proximité fut un vrai soulagement. 
On reprécise le style, eux se réclament du post-punk, mais on peut y adjoindre, du prog, du psyché, du math-rock, que des trucs bien allumés finalement. Dans une interview, OB-1 qualifie leur son  de 'Spacey, Quirky and Fuzz'. 

5 astronautes revêtent donc leurs combinaisons bleues et vertes pour monter sur scène. 
Si casque il y a, il se cantonne à l'intérieur de l'oreille, caché par les cheveux longs ou le bonnet, sauf pour le batteur qui n'a pas de bonnet mais une barbe.
Vincent Allix, chant
Manu Lem, guitare et synthé
Aubin Pougnant, guitare et synthé
Paul Legoff, basse
Corentin Bougerolle, batterie

Ouverture par l'éponyme, ou presque, "BTF BDZ" (certainement des candidats qui n'ont pas tout compris aux jeux des chiffres et des lettres) qui tirait déjà l'alarme au début de l'EP.  La pression initiale te colle au fond de tes chaussures ou même de ton slip. Puis le tourbillon sur scène t'aspire comme un fétu de paille, j'espère que tu as le cœur bien accroché au milieu des secousses et des stridences.

D'ailleurs le titre suivant s'appelle 'Rocket' avec un démarrage sur un motif de batterie incluant le cercle. La basse se met à vrombir, en fuzzant comme Chris Squire de Yes, il y a une éternité. Vincent scande ou raconte plus qu'il ne chante. Aubin et Manu alternent entre guitares cristallines et claviers effervescents. Corentin assure un spectacle à lui tout seul, par ses soubresauts et sa dépense physique intense. Avec Laurence, on se souvient de Jean-Marie 'Animal' du Muppets show (une seconde éternité!).

Je n'avais encore jamais vu Paul se tordre autant pour beugler dans son micro. Près de nous Mamie, tout sourire, et murmurant 'C'est mignon!' n'a probablement plus 10 sur 10 aux tests auditifs!

Paul et Corentin se font face, chacun à fond sur son instrument. "OB-1" va trinquer, un morceau aussi marquant qu'un laser de Jedi! Vincent s'accroche, avec écho, en haut des notes. Les stop and go, fréquents, libèrent des nappes de synthé au redémarrage. Par ses lignes de basse, le titre devient carrément funky et terriblement captivant! 'OB-1 drives The professor guides' et la caravane passe...

Saccades de guitares dans l'atmosphère puis des notes qui s'évaporent sous les coups de massue, assénés par les baguettes et la basse tonnante, ça secoue de la crinière et ça frise (des cheveux) le headbang sur scène. Et puis voilà, changement d'ambiance et de rythme, le groupe adore les cassures et les cadences non binaires. "5556" doit correspondre au nombre de temps différents qu'ils exploitent dans le set!

"Alien duck" démarre dans un atterrissage au synthé pendant que Vincent chambre le public. S'apercevant de la grimace de mon pote Jérôme (2m05, 120 kgs), il corrige timidement 'C'est pas méchant!'. Sa voix résonne, en tremblant dans l'espace, pendant que ça bidouille les touches autour de lui. 'Me touche pas' lit-on sur les lèvres du chanteur qui ne quitte pas des yeux le mec semblant répondre par un clin d'oeil 'Oui, c'est moi Jérôme!' (Bon, je romance un tout petit peu...).

"TANK's LETTER", à 2 x 6 cordes sonnantes parfois désarçonnantes, se cale, pour une fois sur un rythme plus direct.

"PR. TRICKS", invite 2 guitares orientalisantes, sur un ton explosif, à travers des passerelles suspendues. Les 3 gratteux, aux chœurs, répondent fougueusement aux cris hystériques du moustachu au micro qui, pas fou, ne tente pas un stage diving mais s'échappe en courant dans le public. Quelle mouche le pique? Il traverse la salle et s'arrête au stand du fond se faire tatouer 'Maman je t'aime' sur la fesse gauche alors que Mamie se pâme d'entrevoir la pleine lune (oui, je sais, j'affabule...).

"ZARKOR", loin de calmer le jeu, repart de plus belle, avec un chant énervé, et 2 guitares qui semblent lâcher des gaz puis les bombes pleuvent. Alerte, on va évacuer la salle! La rythmique, musclée, gonfle alors un matelas où se chamaillent les 2 grattes imbriquées. Si t'avais envie de valse musette, t'es pas d'accord avec "ZARKOR".

On reconnait le saccadé "TANK", au chant qui bégaye 'Ke, ke, ke, ke, ke, ke' puis, comme un disque rayé, 'keep Keep pushing Keep pushing Keep pushing', Vincent s'amusant avec sa pédale d'effets d'échos. Paul brandit sa basse tel un étendard. Puis ils y vont à 3 voix sur l'affirmation 'We’ve got a Tank in a bulldozer'. Tank you messieurs, on a fait le plein, c'est canon!

Le concert se termine sur un "CAPTAIN FUZZ" apocalyptique. ça disjoncte dans tous les coins. Corentin cogne comme un forcené, les guitaristes jouent sur une jambe, Paul et Aubin hurlent dans leurs micros respectifs, comme s'ils avaient le zizi coincé dans l'encrier(*), et Vincent, rampant au sol, trafique sa voix en braillant lui aussi. 

La tornade s'arrête d'un coup, on ne perçoit plus qu'un bruissement d'ailes. J'ai vu, j'ai vécu, ils m'ont vaincu! Rendons au Bulldozer ce qui appartient au papillon, on s'est fait laminés!

(*) Merci Pierre Péchin!

SETLIST
1-BTF BDZ
2-ROCKET
3-OB-1
4-5556
5-ALIEN DUCK
6-TANK's LETTER
7-PR. TRICKS
8-ZARKOR
9-TANK
10-CAPTAIN FUZZ