Bienvenue sur Concerts-Review, le blog des critiques de concerts. Nous mettons en ligne quelques critiques subjectives des concerts auxquels nous assistons. N'hésitez pas à nous contredire à travers vos commentaires.
Par NoPo
Album - Chimerical Way par Lukto
NoPo
LuKTo - Chimerical Way 2025
Le gars de Lamballe, Lucas Thomas, ne s'est pas levé trop tôt pour trouver son pseudo d'artiste, en s'abrégeant LuKTo, pas plus mal que les initiales 'ABBA', l'acronyme 'NTM' ou 'XX' finalement.
Tu peux déjà connaitre le prof de guitare, par ses reprises sur sa chaine youtube et ses nombreux concerts avec Rino (sans sa copine pharyngite ahaa) ou au sein du groupe Lafaya. Tu devineras ses goûts, couleur métal, dans ses covers ou feu Draks, des teintes que l'on retrouve sur ses albums solos, avec un 's', vu qu'il publie dès 2021 'Soothing Guitar Box' en guise de présentation : un style instrumental flamboyant et onirique, à la LuKTo qui reluque un peu sur des musiciens comme Mike Oldfield (qu'il connait mal), Ron Thal (qu'il adore), voir Patrick Rondat et j'en passe.
Par le dessin coloré sur la pochette du nouvel album, suggérant l'économie de l'empreinte carbone par un voyage seul à vélo, quittant une grande ville désertée, on perçoit une certaine recherche esthétique, ressentie aussi à l'intérieur d'une musique vi(e)revoltante. Je vous l'emballe?
Lucas n'hésite pas à contacter des musiciens qu'il prend dans sa toile, au gré de ses envies. Aujourd'hui, une ligne instrumentale traverse le monde, par ondes et fils, en moins de temps qu'il ne faut pour la jouer. Si t'entends du violon, du banjo, du piano, de la flûte ou des chœurs, ne panique pas, tout est normal!
Un violon sanglotant, dont les larmes tombent sur les touches d'un piano en fond de plaintes fantomatiques, attestent le premier intitulé "Gloomy Theater". Les guitares s'envolent ensuite en couches d'arpèges égrenés ou accords cosmiques parfois tremblotants, plus loin baignés de sons d'orchestre à cordes (pas faits pour se pendre!). Le passage central traverse une BO de film horrifique, à la Tim Burton, avec le jaillissement d'un trait puissant, avant atterrissage sur un matelas de plumes et retour au thème d'entrée qui s'éteint en quelques notes maussades au piano.
Le son vibrant de la guitare sur chœurs et mélodie folky de "Fleeing Spirit" me fait irrémédiablement penser au bouillonnement primesautier de Mike Oldfield, (adepte du varispeed il parait!). L'orchestration, chiadée, exprime un vrai réveil printanier et désir de lâcher prise.
Des paysages défilent brillamment dans 'Rabid machine' avec une variété d'influences à énergie positive. Contrairement au titre, on ne sent ni machines ni rage ou seulement celle de vivre. Le jeu de guitare passe de notes à la vitesse de la lumière à d'autres très allongées qui prennent leur temps. Les chœurs gonflent des arrangements groovy et effervescents qui n'hésitent pas à laisser finalement une guitare, seule (ou presque) et épuisée, achever doucement le morceau.
Amusant comme l'intro aux influences grecques de "Moonstruck Ride" nous rappelle la danse de Zorba du siècle passé. La rythmique sautillante, entraine des cordes à l'élastique alors que plus loin, un banjo ramène une ambiance folk. C'est fou comme les tons changent le long d'une même plage qui, soudainement, bascule, à travers des cymbales crash et riffs durs, dans un rock métallisant, tout en maintenant des chœurs aériens avant de puiser des trémolos plaintifs de la gratte au retour du thème original.
Nouveau contrepied, "Isolation" enchaine, au tempo d'une ballade douce, sifflotée au loin. Mais la cassure est toujours proche! Après quelques dissonances, c'est un violon tzigane qui prend le relai, puis une pluie de notes à la 6 cordes (ou plus) s'abat (black ?) brutalement pour faire redécoller l'emphase. La combinaison des deux instruments fonctionne à merveille sur des roulements de tambours avant l'éruption des lignes de guitares et rappel du thème coda.
Cette fois, des chœurs angéliques t'invitent quasiment dans une église appelée "Smooth Reloading" (on dirait l'intitulé d'un jeu vidéo). Le piano goutte et la guitare déroule ensuite timidement une mélodie touchante qui peut faire dresser le poil. La guitare durcit le ton, sans oublier son vibrato, puis associe des couches supplémentaires. On croirait à un vol d'oiseau, parfois contrarié par le vent et parfois poussé vers l'avant. Encore une belle idée avec cette flûte incroyablement magique qui apporte une harmonie bucolique et fait monter encore d'un cran l'émotion.
Protégé par un ronronnement de basse électronique, "Knight Of Chimera" apparait comme un lever de soleil. Après un arpège bronzé, la batterie vient réveiller la nature qui éclot sous des éclats de guitares foisonnantes et parfois des chœurs incantatoires.
Une fois n'est pas coutume, Lukto assène une rafale de riffs secs et luisant de métal, en entrée de "Robodeo" puis on passe dans un monde chimérique et légèrement orientalisant, bordé de basse bombée et de chœurs en amortisseurs. La bête se débat dans des ébats rythmiques chaotiques qui justifient le rodéo mais le chef d'orchestre finit par maitriser les mouvements et décider des orientations diverses toujours nerveuses.
L'entrée en matière carillonnante de "Ultimate curse" ruissèle tout d'abord de lumière puis des riffs, en saccades, s'abattent tels des hallebardes sur la composition torturée. Le développement héroïque, acceptant même la double pédale, nous entraine avec ardeur jusqu'au final larmoyant où le piano convoque un violon éploré.
La technique impressionnante, sans démonstration ni domination, ne brise absolument pas l'intérêt, encore moins l'émotion constante au service d'une musique sincère qui imbibe rond, parfois, comme une madeleine de Proust. D'autant que la gratte partage le premier plan avec d'autres instruments, moins attendus, dans un mix égalitaire, multipliant les strates en profondeur. L'ensemble développe un aspect cinématique en une sorte de voyage chimérique et envoûtant. Un truc qui emballe à Lamballe!
TRACKLIST
1.Gloomy Theater
2.Fleeing Spirit
3.Rabid Machine
4.Moonstruck Ride
5.Isolation
6.Smooth Reloading
7.Knight Of Chimera
8.Robodeo
9.Ultimate Curse
Violin : Ray Hou
Piano : Tom Duvivier
Drum : Leandre Chatagnant
Voice : Benjamin Lamorelle
Mix, Mastering : Benjamin Reggers
Artwork : Sadrogerart
Everything Else : LuKTo
Guest :
- Nosthin on Keyboard (III - Rabid Machine)
- Juma Molina on Banjo (IV - Moonstruck Ride)
- Daria Zernova on Flute (VI - Smooth Reloading)
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