Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bienvenue sur Concerts-Review, le blog des critiques de concerts. Nous mettons en ligne quelques critiques subjectives des concerts auxquels nous assistons. N'hésitez pas à nous contredire à travers vos commentaires.

Brieg Guerveno, à l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025

Brieg Guerveno, à  l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025

Brieg Guerveno, à  l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025

 

NoPo

BRIEG GUERVENO - Sortie de résidence à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 15/05/2025

Le dernier album prêt à éclore, encore sous les plumes douillettes de la poule, Brieg invite qui veut, à sa sortie de résidence, 16H30 sur la grande scène.
Quelle chance d'avoir des horaires flexibles encore meilleurs que ceux des écoliers (que je n'envie pas)! Le soleil se voulant rassurant, je m'élance sur 2 roues (roule ma poule!), sans moteur et sans cartable, pour profiter des quelques kilomètres avant minuit et du breton qui ne rétropédale pas.

Un gars originaire de St Brieuc, que je suis avec plaisir et intérêt depuis 2012, passé par le folk, le métal, le prog, le folk métal, et le prog folk sans métal, avec autant de bonheur. Je l'ai vu seul, en duo, trio, quartet, quintet et même plus, sans jamais perdre la tête et toujours aussi captivant alors que je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'il baragouine.

Certains festivals n'osent pas le programmer, uniquement à cause de la langue, ce qu'il trouve injuste et ça se comprend (même en breton!)... On en connait d'autres qui chantent en ouzbek, en growl, en mauvais français ou même en autotune sans aucun apartheid!

Sur scène avec lui, on découvre l'incroyable Stephane Kerihuel à la guitare, Faustine Haudebert (Kaolila, Ital express) à la basse, synthés et choeurs, Nicolas Hild (Lupo, Alan Stivell) à la batterie et drôles de machines, et un revenant aux synthés Joachim Blanchet (FauxX). A cette place, sur le disque, on retrouve l'exceptionnel claviériste paimpolais, grand amateur de musique des seventies et de vestes à franges, Camille Goellaen (Smooth Motion, Moundrag, Komodrag and the Mounodor) et une pluie de cordes frottées par Bahia el Bacha en tête (violoncelle), Delphine Labandibar (Violon), Aude Fade (violon), Marina Beheretche (violon) et Emmanuelle Becquet (violoncelle).

On se dit que dix doigts, comptés 3 fois, suffisent à faire l'appoint de spectateurs qui apprécieront la lumière de Jocelyn MOREL et le son de Jannick Reichert. La totale, un vrai concert de pros, à la maison, surtout quand vous saurez que 13 titres vont être interprétés.

Les premières notes donnent un effet d'ambient music, avec les cordes à peine effleurées et des bruits électros telle une poussière 'Poultrenn' soulevée. La voix, limpide et haute, arrive en même temps que 3 notes répétitives carillonnantes à la guitare électrique et une rythmique désarticulée sur des rebonds élevés. Les nombreux synthés bruissent, avec un passage cassant, Faustine s'y mettant aussi puis une montée puissante fait sonner la guitare vraiment métallique. Brieg se met ensuite à jouer, lui aussi, de sa guitare et soudain l'ambiance s'apaise sous les arpèges et la voix perchée en vocalises finales.

Enchainement instantané sur 'Hebiou din' (devant moi) toujours aussi ambient avec une brume de claviers et une rythmique électro accompagnant la voix angélique, parfois doublée par celle de Faustine. On voit même Nicolas s'activer sur une machine pleine de fils tel un électricien en dépannage. Après une bonne minute, on bascule sur une trame instrumentale plus fournie qui alterne avec le dépouillement. On a rarement vu Brieg bouger autant sur scène. La mélodie, émouvante, s'installe plus tard avec de drôles de sons de guitare élastique sur le surprenant solo de Stephane.

Après les 2 premiers morceaux tout neufs, retour à 'Vel ma vin' de 2020 avec la plage  'Ur wech adarre' aux arrangements nouveaux. Une nappe au synthé, une batterie très présente, des notes de guitare essaimées et le chant, lancinant, grave et limite, parlé comme en poésie. Quant à Faustine, au chômage, elle s'est assise. On retrouve nos marques avec un final éclatant où le chant monte au firmament parmi des claviers amplifiés par l'intervention de Faustine touche à tout.

Brieg prend la parole pour relater les 3 jours de résidence ici et la sortie d'un album un peu plus pop qui parle d'amour.

Justement, voici 'Kalon flam' (coeur en feu) qui porte bien son nom, une chanson d'amour qui finit bien. Ce morceau, mélancolique, démarre avec un piano au gimmick entêtant. La voix chante de façon extrêmement posée et douce, à donner envie d'apprendre le breton rien que pour fredonner. Même sans les violons et violoncelles au début, remplacés par des effets de synthé, le morceau touche. La mélodie avance comme le vol d'un insecte, bercé par le vent ou bousculé par le tumulte de la batterie... vent renforcé ensuite par des cordes enregistrées qui se font finalement entendre. Cette chanson mériterait un avenir radieux tant elle dégage une émotion forte.

Et puis derrière, suit une chanson d'amour qui finit mal, 'Ar gambr Sklas' (la chambre froide) une histoire contée par une âme errante à Yffendic (sic). Le piano martèle un accord mineur qui fait pleurer l'ebow de la guitare et la voix se lamente tout autant. Au fond, une couche synthétique à 2 synthés (Joachim et Faustine) s'élève comme une brume inquiétante sur la colline.

'Eviti' (pour elle), s'ancre doucement sur quelques notes au piano telle une cloche et des arcs électriques. Le chant de Brieg marche sur des œufs avec une finesse extrême, bordé par la voix de Faustine plus loin. Des percussions, en cœur battant dans un souffle, approchent. Puis l'orchestration s'étoffe tranquillement. Magnifique!

Retour à 2014 et l'album 'Bed ar kloz', l'interprétation de 'Ar Spilhenn' est méconnaissable dans une version métal agressive. Un riff strident, une combinaison voix synthé et Brieg qui saute sur les rebonds de la batterie. Quelqu'un conclut 'ça peut durer encore 2H, c'est trop bon!'.

'Le secret'... était bien gardé, il le chante en français. Le rythme syncopé, avec grosse caisse et frappes sur le bord du cercle, lâche parfois de gros 'boums' au milieu d'arrangements fantomatiques de style métal voir expérimental. L'enchainement des 2 derniers morceaux tranche par une violence surprenante.

On continue sur des grondements orageux et des échappées synthétiques puis l'arpège aux notes lentement détachées incite au recueillement. Que dire ensuite de ce son d'orgue d'église et sanglots de violons? 'Pastoral' délivre un instrumental bouleversant en forme de prière...  

Hommage à Mona Jaouen qui a publié 'Pell war an hent' (Tout au long de la route) en 1990. Le synthé sonne terriblement années 80 surtout avec son petit gimmick de 4 notes. La voix s'accorde à l'atmosphère avec beaucoup de légèreté. On pourrait même penser à certains titres de Marc Seberg ('Sylvie' par exemple).

Avec le retour de 'Skornet', Brieg confie qu'il rejouera même 'Emgann Kerdidu' de la même période (2014/2015). La nouvelle version accueille un synthé/voix en entrée avant de basculer sur un ton atmosphérique, cadencé différemment de l'original avec 2 guitares saccadées (la version prog métal de l'EP 'Bleuniou an distruj' en 2015 restant ma préférée).

Ah, mais les voilà qui se barrent! Le public ne l'entend pas de cette oreille (mais plutôt de l'autre) et commence à battre des mains en rythme.

'Je vais pas vous laisser seuls comme ça'. C'est Brieg qui revient seul avec sa guitare. Il lui faudra 2 réaccordages pour parvenir à un son qui le satisfasse 'C'est pas parce qu'on est à Saint-Brieuc que je dois jouer désaccordé'.
Du coup, après s'y être repris à 3 fois, les arpèges trottinants de 'Ar Barr Avel' courent délicatement, une version, dépouillée et prenante, avec une voix médium posée sur les cordes.

Tout le monde revient pour 'Piv vin'. Un arpège, léger aux notes bien détachées, propose sa dentelle à la voix cristalline et pure qui atteint des sommets. On entend 'Y'a trop de cordes'. Les percussions se contentent de ballets ou de frottements sur les peaux, tout au plus quelques petits coups de grosse caisse plus loin, perdus dans l'éclair du ebow sur la guitare barbue et autres sifflements synthétiques. Un morceau tout frais mais dans le ton de 'Vel ma vin'.

 

Salutations et photos souvenirs pour un moment suspendu. La messe est dite et tout l'album y est passé.
Brieg confesse (après la messe) ne pas avoir eu de but précis au moment d'enregistrer 'Un Noz A Vo' ceci explique cela et la variété des compositions. On passe allègrement de morceaux folkisants qui font maintenant partie de son ADN à des morceaux plus pop jusqu'au grand-écart-retour métal en live.
Brieg continue de passionner avec sa musique d'une profondeur qui touche à l'âme, sans que l'âme nuise à une voix pure qui n'en finit plus de progresser.

SETLIST
01-Poultrenn
02-Hebiou din
03-Ur wech adarre
04-Kalon Flamm
05-Ar gambr Sklas
06-Eviti
07-Ar Spilhenn
08-Le secret
09-Pastoral
10-Pell war an hent
11-Skornet
12-Ar Barr Avel
13-Piv vin

 

Brieg Guerveno, à  l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025
Brieg Guerveno, à  l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025
Brieg Guerveno, à  l'occasion de sa résidence à Bonjour Minuit, Saint- Brieuc, le 14 mai 2025
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article