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Bienvenue sur Concerts-Review, le blog des critiques de concerts. Nous mettons en ligne quelques critiques subjectives des concerts auxquels nous assistons. N'hésitez pas à nous contredire à travers vos commentaires.

album - eie - My Tongue Is Stuck To The Roof of My Mouth And That Is All I Can Think About

album - eie - My Tongue Is Stuck To The Roof of My Mouth And That Is All I Can Think About

album - eie - My Tongue Is Stuck To The Roof of My Mouth And That Is All I Can Think About

 

NoPo

EIE - 'My Tongue Is Stuck To The Roof of My Mouth And That Is All I Can Think About!' LP 2025

Quel titre de ouf! Ma langue se colle à mon palais et je ne pense qu'à ça! Ce n'est pas le palais d'une reine, non, c'est juste EMILIE qui le dit. Voilà une artiste norvégienne en sortie de frigo qui n'a rien d'une omelette! Une fille qui l'ouvre, faut dire qu'elle s'appelle (en vrai?) EIE, si ça s'écrit comme ça se crie (et inversement)!

Elle a déjà publié un certain nombre de singles depuis 2022 (Bandcamp sait combien) et en 2023, son premier EP "Worst that can be" que je traduirais par "Y'a pire!", un beau programme. Un EP où elle fait tout (sauf 'killer noise guitars done by Harald Harestad'). Son nouveau disque, au titre à mémoriser pour retarder Alzheimer, sort fin février, cette fois avec l'aide de son groupe live.

On compte donc 5 musiciens et 3 vocalistes pour 12 titres en moins de 40mns (efficace, non?) :
Emilie Eie (vocals, electric guitar),
Harald Harestad (electric guitar),
Anna Klungre (electronics, synth, backing vocals),
Ariel Aarstad (bass),
Andreas Mikkelsen (drums))
invités au chant : Herman van Opdorp (Get it?, We Speak, We Bleed, Hellcat) et Oliver Hohlbrugger (Never Home).

La pochette présente une œuvre collage de Thomas Moe Ellefsrud (@hypnotistdesign), d’après les illustrations de Vera Gjedebo (@vv_vv_name_). Sur un fond noir, on trouve un patchwork avec plusieurs visages ou morceaux de peau dont le peu de couleur ne s'accroche qu'aux cheveux et yeux d'Emilie. Il y a des mains surdimensionnées aussi, ah dont certaines aux ongles rouges, et qui semblent tirer des ficelles ou envoyer un fluide...
 

Liminaire bruitiste avec textes à l'envers pour 'Burn'.
L'intro de 'Faux fur' glisse sur des guitares à effets dont la seconde, saturée, au riff lancinant. La voix, slammée, prononce des phrases courtes et sèches, où l'on perçoit une pression menaçante, suggérant la brutalité. Après avoir traversé un passage en apesanteur, le riff accélère au fil de coups sur le cercle. L'instrumentation, au complet, débarque en fin de morceau alors que le ton reste désabusé.

Le propos de 'Ragdoll' semble la suite directe du texte précédent, la fausse fourrure se transforme en poupée de chiffon abandonnée. Les paroles, d'abord murmurées, deviennent ensuite plus claires, "I'm worn I'm torn" portées par un riff qui lacère alors que le chant saisit. Le rythme balance, voire bouscule, dans l'alternance caisse claire / grosse caisse, laissant passer des sons plaintifs. De nombreux bruits acides viennent perturber le bon déroulement musical qui procure un malaise. Un morceau percutant! Pas le seul...

D'abord des vibrations de cordes au son réverbérant, puis s'articule un riff simple et répétitif. Le chant attend pour se caler dans les intervalles, la batterie, d'abord muette, ne jouant ensuite que les temps. Il faut attendre un moment avant d'entendre l'orchestration complète avec pas mal de variations dont un souffle synthétique. Après un break suspendu, seul le riff accompagne la voix légère, se fâchant soudainement juste avant que la batterie ne se mette à cogner sur un bref solo de guitare puis jusqu'au bout. Le morceau se développe enfin, toutes voiles dehors, avec des hurlements de gratte sous une basse orageuse, et quelques notes de synthé. Particulièrement tortueux, 'Forget Your Name' sonne de façon pernicieuse.

On n'a pas encore cité la basse, la voici bombant le torse sur 2 notes étouffés à l'entrée de 'Pin me down'. Le riff, plus loin, réverbère dans les aigus et se glisse vicieusement sous la peau. La batterie donne alors de la profondeur aux coups, sans s'éparpiller, sur un mid-tempo lancinant. La voix gémit plus qu'elle ne chante. Malgré un passage plus aéré, on sent comme une angoisse qui te cloue.

'Hellcat' part en riff égratignant sur une couche synthétique et la voix s'entend dans un parler, quasi rap, vif et provoquant. La batterie cogne et claque, la violence, hell domine.
.
Un duo vocal s'invite sur 'Neverhome' et s'accorde à l'arpège sombre sur les cordes. L'éclaircie ne viendra jamais percer cet espèce de nuage de poussière étouffante où seuls des souvenirs subsistent.

Derrière des bruits menaçants, le riff accrocheur de 'The struggle' n'arrive pas à tirer un sourire à la voix, en souffrance, d'abord doublée puis prolongée, plus tard, par des cris variés, entrainant des notes plaintives à la guitare. Le rythme reste constant dans sa lutte sur une mécanique ondulatoire progressivement dépouillée et ne laissant filtrer que la voix au final.

2 riffs puis 3, en parallèle, démarrent 'Get it' au lance-flammes. Sur une intonation nonchalante, Emilie pose innocemment une question que je traduirais par 'Pigé?' et sa conclusion sans attendre une réponse 'T'as pas pigé!'. Les paroles font référence aux droits des personnes 'queer'. Un grand moment! Ce morceau intense, à la grosse basse orageuse, déchire, traversant un espace tumultueux. Les bruits, dont on ne sait plus s'il viennent d'un thérémine, d'un saxophone ou d'un cri humain affolant, bombardent un final hyper tendu.

Dans 'I kow I', on sent, une fois de plus, que les textes déplorent des comportements malsains. Une basse rebondie et une rythmique chaotique ne cachent pas l'âpreté de la guitare, sauf sur le refrain plus harmonieux.

On passe en mode décapage avec 'Because' dans une alternance de riff dur, marqué par un souffle, sur une orchestration au rythme monolithique à des instants austères où les textes perturbés prennent, seuls, l'espace au-dessus de la batterie. La colère monte progressivement dans la gorge comme un esprit perdu, dénonçant avec ferveur un abus inacceptable. Percutant!

'We speak, we bleed' prend le contrepied de la rage précédente. La mélodie envoûte dans une ambiance de valse. La voix chante magnifiquement, avec émotion et variété, au sujet du combat pour s'affirmer. Le thérémine pique sporadiquement avant d'intervenir plus longuement par des hennissements qui concluent magnifiquement ce titre.

 

Avec une personnalité militante bien affirmée, EIE nous délivre un superbe disque, captivant de bout en bout. La construction musicale réussit l'exploit de maintenir une harmonie séduisante dans une virulence proche de l'esprit rrriot girls.
Par ma langue,  je l'affirme haut et fort "EIE" ça décolle!

 

1.Intro 00:44
2.Faux Fur 03:28
3.Ragdoll 03:04
4.Forget Your Name 04:47
5.Pin Me Down 03:45
6.Hellcat 03:33
7.Never Home 02:32
8.The Struggle 02:47
9.Get It? 02:46
10.I Know I 03:23
11.Because 02:23
12.We speak, we bleed 03:32
Tous les titres sont écrits par Emilie Eie et produits avec Espen Eidem.
Enregistré et mixé par Espen Eidem au Komet Sound Studio et masterisé par Steven Grant Bishop.

 

 

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