A Stranger To Your City - album de Ben Le Jeune.

A Stranger To Your City -  album  de Ben Le Jeune.

NoPo

BEN LE JEUNE - A stranger to your city LP 2025

2022 sortie de route pour The Creature Comfort (qui a côtoyé Oasis et Stone Roses) après son album "Everything Is Hidden" qui comportait bien le morceau dérapant 'Highway 7'.
Adieu Manchester, Ben retrouve une jeunesse (peut-être) en revenant sur le continent (en Charente, après tâtonnements, depuis 2023). OK mais on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain.
Qui accompagne l'artiste en solo?
Steve Jones et Paul Hesketh aux guitares, Jon Needham et Will Jaquet à la batterie, Brad Ingham à la basse, Martyn Henderson aux claviers, et Laura Marsden aux chœurs.
Ah mais tout le confort de la créature quoi?

Bon, le gars, Le Jeune on vous dit, auteur/ compositeur/ arrangeur/ chanteur, a des origines franco-belges, le tout mélangé à une vie en partie britannique, ça doit presser du bon jus non?

Déjà, sur la pochette, on croirait découvrir, devant un rideau (ou)vert, un illusionniste faisant de grands gestes trompeurs à bras... cadabra!
A moins que le musicien, en t-shirt aux motifs ondulés, ne se tienne juste à carreau, plaqué contre la vitre de ce qui pourrait ressembler à un studio... 'Just my imagination' chantaient les Stones.

Accueil rugueux avec un son de gratte fuzzant (c'est en faisant qu'on apprend!) qui dégueule et tombe dans le virage de la basse. Alerte, les riffs pleuvent comme des bombes et les claviers jouent l'ambulance! Le rythme vigoureux secoue le cocotier et le chant n'en reste pas moins fougueux. 'Steal you away' frappe fort d'entrée.

Une batterie, au motif rebondissant, entraine un accord accrocheur que la voix chevauche vaillamment. La basse, très présente sur ce morceau, arrive en bombant le torse avant de ricocher sur la mélodie. 'It's easy to get lost', titre aussi beau que tourmenté, vous transporte dans une ambiance sombre des années 80.

Cette fois sur 'Formentera', un clavier sautille sur un ruissellement de guitares cristallines. Une atmosphère douce et intemporelle vous enveloppe d'emblée. On se laisse facilement embarquer par cette harmonie au sable fin des Baléares que le chant ne renie pas avec des intonations exaltées. Superbe!

C'est un pattern rythmique hypnotique qui marque l'ouverture de 'Baby Where Are You Today'. Eparpillées, les guitares jouent les piques de matador alors que la basse fait le dos rond. Le flux vocal suit ce mouvement un peu chaotique. Derrière un bref solo de gratte, le final s'emballe et c'est cadeau (pas cher)!

La voix s'enfonce dans une riche orchestration soul/bluesy aux faux airs Nick Cave, accentués par un chant crooné. Les claviers rutilent et sonnent magnifiquement jusqu'au carillon. Bordé de chœurs langoureux, 'Love You In The Morning' confirme une chaleur moite qui donne envie de faire la grasse matinée et pas que...

'Je suis le Président', plutôt disjoncté et pas vraiment sympathique, rappelle un peu les tournures nonchalantes et ricaneuses de Jacques Dutronc. Le rythme binaire, très rock, accepte le bilinguisme qui partage des 'Lalala lalalalala' iggypopiens.

La basse saturée vibre sur l'intro de l'austère 'Looking For Another Lover' claquée par une batterie têtue, au galop. Les guitares s'emportent, lâchant riffs secs et tons graves. Seul, le clavier laisse échapper quelques arabesques.
Le chant soutient une tension à l'emporte-pièces qui ne se dément pas, insistante jusqu'à la fin.

Démarrage aux coups rageurs puis guitares saccadées. Le chant prend son temps en cadence élastique sur les couplets. La basse tonne et s'arrête pour reprendre sa respiration. 'Something About You', pêchu, n'y va pas par 4 chemins et atteint rapidement son terme par son refrain efficace 'Feel so good when you're by my side'.

'All Is A Better On A Friday' part sur un rythme vif et décontracté. Le morceau déroule avec beaucoup de naturel. On peut suivre le cours du flow avec délectation. Le côté joyeux monte d'un cran avec l'arrivée de cuivres heureux de donner un souffle supplémentaire à cette chanson et soudain tout va mieux le vendredi.

Finir par une 'Marée noire', le titre le plus sombre du disque, c'est carrément culotté! La plage laisse les vagues au premier plan puis, lancinant, au rythme lent, et économe de notes, elle ne fait pas marrer! Le son libère beaucoup d'espace aux instruments qui se donnent le tour avec quelques réverbérations floydiennes. Encré aux mots tristes, le chant plaintif et habité qui finit en cris et dérive, rappelle la fragilité de Bashung. Au bout, les guitares écorchent pendant que la batterie frappe lourdement, accompagnée par une basse sourde aux coups et loin à la fin, Ben-zine!

Ben vla un disque puissant et profond qui bénéficie d'un caractère bien trempé avec suffisamment de variété! On l'écoute de bout en bout, accroché comme à un fil(m) à suspense.
Grace à Dieu, on n'ira pas jusqu'à le bénir mais il ne tombera certainement pas, non plus, dans la benne. Je le laisse à portée de main,  bien en vue sur mes étagères... Ahaa, merci BEN!

Tracklist
1-Steal you away 2'48
2-It's easy to get lost 3'26
3-Formentera 4'06
4-Baby Where Are You Today 4'30
5-Love You In The Morning 2'32
6-Je suis le Président 1'58
7-Looking For Another Lover 3'32
8-Something About You 2'34
9-All Is A Better On A Friday 3'47
10-Marée noire 8'32
Produit par Tim Thomas (One Direction, Elbow, Johnny Marr, The fall...) et enregistré et mixé aux Bluesprint Studios de Manchester.