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Par NoPo
Shannon Wright - Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 mars 2025
NoPo
SHANNON WRIGHT à Bonjour Minuit le 13/03/2025
Pas de photos de Madame Wright, please, dont acte, les images resteront imprimées, dans un coin des méninges, sur le même modèle que ce qui circule sur les réseaux : une chevelure longue et massive à la frange permettant de se cacher.
La floridienne débute en 1991, en groupe, et publie son 1er LP solo en 1999. En mettant à part un album avec Yann Tiersen, son douzième round 'Reservoir of love' (où elle joue tous les instruments!), vient de monter sur le ring en Février 2025.
Arrivée sur scène des musiciens au son de la boite à musique intro de 'Reservoir of love'. Tout habillée de noir et Fender, crème et bordeaux, en main, l'artiste s'appuie sur 2 musiciens expérimentés (ex. Shipping News), le fidèle Todd Cook, très longue barbe, à la basse blanche et Kyle Crabtree, barbe rase, à la batterie.
Le puissant son de gratte sur l'ampli Marshall impressionne d'entrée. Le morceau, plombé par les frappes, ne se relève pas de sa profonde tristesse. Il y a bien une accélération mais déchirée de zébrures et entourée de brumes inquiétantes. Lorsqu'elle ne se plante pas derrière son micro, Shannon erre de long en large.
La guitare, dissonante, ouvre 'Ballad of a heist' puis le rythme passe au trot, une baguette vole, un ange passe dans la voix fragile, difficile à percevoir au début.
Une majorité de femmes occupe le premier rang, se balançant lentement, possédées, comme des adeptes d'une secte. Derrière, on entend quelques hommes, moins discrets, qui s'enthousiasment.
T'as déjà pris un coup sur le crâne, 'Fractured' te le fracasse, vite fait bien fait. Shannon se plante face à son bassiste. Le riff s'entend, tiré rageusement des cordes et quasiment stoner, soutenu par des accents de basse. La caisse claire claque fortement et la baguette y reste collée après chaque coup. Les cymbales à très gros diamètre arrosent.
A peine plus long, 'Commoners saint' provoque des zigzags dans les pas de l'artiste. Elle riffe salement tout en se déhanchant. L'épaisseur instrumentale monte un parpaing plein de fragments dangereux. La rapidité du poignet démontre la maitrise de l'instrument pratiqué depuis l'âge de 9 ans (un cadeau de sa mère).
Shannon nous accorde alors une respiration, s'installant à son piano électrique pour 'Counting days' où le son de sa voix sort dans un souffle. La tête penchée sur son micro, cheveux devant son visage, elle entame une triste litanie tout en marquant un rythme de ses 2 pieds. Alors qu'on ne voit quasiment pas ses yeux, elle dégage un charisme incroyable! Elle prolonge ce moment suspendu à sa voix, débordante d'émotions, sur 3 titres.
Ce n'est pas la première fois que Shannon parle à ses musiciens, probablement pour modifier l'ordre des morceaux. Le batteur donne le tempo baguette contre baguette. Retour à des accords tournoyants et rugueux sur la gratte qui te prennent aux tripes. L'ambiance de 'With closed eyes' alterne entre déprime et colère, la rudesse des frappes concordant avec les états d'âme.
Un pattern au double rebond sur caisse claire et grosse caisse offre une rythmique chaotique au lancinant 'Mountains' dont le riff, arpège cristallin, enveloppe la voix susurrée.
Surprenant comment Shannon peut abréger certains morceaux à deux minutes à peine pendant qu'elle en prolonge au delà des cinq minutes.
Les cordes de basse restent à peine frôlées et la batterie est ménagée. Que dire de l'arpège sans fin qui s'enfonce au plus profond de "You'll be the death"? Qu'il nous bouleverse avec ce chant tellement malheureux?
Les mystérieux accords déchirants et chaotiques qui suivent m'évoquent Captain Beefheart. 'If only we could' continue de s'enfoncer dans une nuit charbonneuse.
Souvent le timbre de voix fait penser à la grande Patti Smith déclamant ses poèmes.
3 notes détachées à la guitare promènent 'The hits' sur une balade triste. La rythmique, sobre, ne s'autorise que quelques rebonds. La basse joue l'économie, les cordes parfois uniquement touchées par un doigt pointé. La voix pleure et s'éteint sur un hurlement.
La suivante s'élève sur un accord agressif, saturé et vibrant aux notes détachées qui fait penser à du Led Zep, carrément, avec sa lourdeur de frappes. Puis la plage s'apaise sur des cordes effleurées et des baguettes caressantes avant d'alterner avec des moments de violence éperdue.
On vit des moments intenses proches d'un étrange suspense.
Une valse brumeuse semble réveiller des fantômes. Shannon, à genoux, s'emploie sur sa pédale d'effets. Les frappes de batterie sont abyssales et la basse ronronne tristement. Le long 'Who's sorry now' ne soigne pas ta déprime.
Le rappel reste obligatoire et l'artiste ne se fera pas désirer s'asseyant d'abord derrière son Wurlitzer pour un titre dont les sons, en pluie, éclaboussent une voix puissante. Puis la batterie, lourde, rejoint la prière avant un cri provoquant l'éparpillement de notes (Dirty Facade me suggère Michel).
Enfin, décidant de martyriser un peu plus sa guitare, elle monte le son de son ampli et se lance à nouveau sur une composition âpre. Le riff, d'abord chaotique, ralentit et devient menaçant sur des cordes frottées. Des convulsions gagnent progressivement Shannon, secouant son corps telle une poupée désarticulée. Totalement habitée, elle pointe sa guitare vers le sol et finit seule.
On reste là, bouche bée et les oreilles encore pleine de traces boueuses. On commence à capter quelques échanges timides dans le public qui mentionnent Patti Smith, Beth Gibbons, Kim Deal ou Kim Gordon, toutes des femmes à forte personnalité.
Un grand moment palpitant qu'on est très heureux d'avoir vécu et pas prêt d'oublier!
SETLIST très incertaine (l'ordre du papier fixé au sol ne semble pas avoir été respecté et les morceaux acoustiques ne sont pas détaillés)
01-Reservoir of love (Reservoir of love 2025)
02-Ballad of a heist (Reservoir of love 2025)
03-Fractured (Secret blood 2010)
04-Commoners saint (Secret blood 2010)
05/06/07-Countless days (Reservoir of love 2025)
+ 2 autres morceaux au piano : Defy this love (2007) + Hinterland ?
08-With closed eyes (Over the Sun 2004)
09-Mountains (Reservoir of love 2025)
10-You'll be the death (Over the Sun 2004)
11-If only we could ((Over the Sun 2004)
12-2 titres au piano (Throw a blanket over the sun? Let in the light? - ordre aléatoire
14-The hits (Reservoir of love 2025)
15-Black little stray (Over the Sun 2004) note _ probablement joué en rappel! d'où titre non retrouvé
16-Who's sorry now (In film sound 2013)
17-Rappel au piano : Dirty facade (Maps of Tacit 2000)
18-Rappel à la guitare, sans doute - Black little stray
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