Monstreuil City Orkestarz, Le Chaland qui Passe, Binic-Étables-sur-Mer, le 9 février 2025

Monstreuil City Orkestarz, Le Chaland qui Passe,  Binic-Étables-sur-Mer, le 9 février 2025

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MONSTREUIL CITY ORKESTARZ au Chaland qui passe le 09/02/2025

Jamais vu autant d'harmonicas de ma vie! Non seulement, ils sont 4 à en jouer mais le chanteur possède même une cartouchière d'harmonicas en bandoulière! Bienvenu chez MONSTREUIL CITY ORKESTARZ (ou Rockers quand ils en ont envie), invité au Chaland qui Passe à Binic, bondé ce dimanche après-midi! Pas facile de passer la porte et de se frayer un chemin, le bar à quai (en bord de port) reste un costaud de programmation musicale et ça finit par se savoir. Il y a bien 30 péquins (et péquines) à l'intérieur, pas la peine d'allumer le poêle! Un doigt de plus et c'est l'hécatombe... et pourtant ça circule alors qu'on pourrait craindre la phlébite.
Un gars s'infiltre avec sa perche téléscopique pour filmer et se met à commenter, à sa façon, l'effervescence du lieu alors que le set commence. Va falloir le débrancher! Finalement, il s'efface de lui-même et prend la porte...

Quant aux artistes, au nombre de sept (7!), presque alignés du zinc à l'escalier, ils viennent de la banlieue parisienne avec des attaches de par chez nous et déjà venus l'été dernier. Pas bien épais, ils ne prennent pas trop de place et 2 minis amplis leur suffisent.

Le grand rouquin barbu à bonnet, collé au fond, Pat Gigon, semblerait presque jouer de la guitare en jouet avec de grosses cordes blanches ce qui délivre un doux son de basse en fait.
A côté de lui, la guitare du moustachu en veste d'uniforme type bleu de chauffe, David Chalumeau, ne déborde pas plus, et encore moins celle de la femme aux dreadlocks et bandeau avec les lunettes sur le bout du nez, Carine Lalouve de la Pampa, vu que c'est un Ukulélé dont elle se sert.
Les 2 harmonicistes, Sam Narvalia (?) et Nicolas Perruche, entravent à peine l'accès à l'escalier des latrines.
Devant, la chanteuse Camille Neff, aux percussions légères, vient faire le contre-point de la voix éraillée de Kik Liard quand il ne souffle pas dans un harmonica ou ne descend pas sa pinte, tout en percussionnant lui aussi.

Finalement, même branché et légèrement amplifié, un blues old school, aux teintes acoustiques et pas mou du g'nou, s'élève dans l'atmosphère! Que du classique mais joué avec personnalité...

Kik le frontman, ne passe pas inaperçu, un grand échalas maigre à petit collier de barbe mais grosses bagouzes, casquette de marin rouge pétante et surchemise imprimée de motifs psychédéliques comprenant un beau squelette.
"On commence tranquille par un petit Charleston : 'Restless love'". L'accueil se fait, comme au coin du feu, avec un premier harmonica vite rejoint par un second et les cordes (qui ne tombent pas dehors). Kik souffle sa voix pleine de grain, bordée des doux chœurs de Camille qui secoue les œufs sans faire d'omelette pendant que Pat, David et Carine caressent littéralement leurs cordes. Après Nicolas, Kik y va de son solo d'harmonica.

Puis ça enchaine avec un vieux blues des familles de St Louis. L'ambiance chaleureuse du bar est perceptible. Mes voisines sont aux anges et les blagues fusent. Chalumeau, à la petite flamme vacillante, joue le Buster Keaton de l’équipe, immergé dans la musique et insensible aux larges sourires radieux de sa voisine la louve.

'Et maintenant une chanson pour pédophiles!'. Oups, Kik n'y va pas de main morte et il étaye en plus... 'Good morning little school girl' a été repris un nombre incalculable de fois, dont la plus connue, sans doute, demeure la version de Ten Years After. A cet instant, on s'approche plutôt du dépouillement roots de Sonny Boy Williamson et les harmonicas s'en donnent à cœur joie.

'Smokestack lightning' de Howlin wolf offre l'occasion de hurler à la lune ce dont ne se privent pas quelques spectateurs et trices. Le morceau s'ébroue dans une espèce de boogie lent qui favorise le trémoussement. A la fête sur chaque morceau, les percussions crépitent telles des éclosions de fleurs en couleurs délicates.

Qui ne connait pas le 'Golden Brown' des Stranglers? Il faut entendre la version poussiéreuse des gens de Montreuil qui font passer le titre pour un classique des années 40. Cette fois, on peut chanter avec eux 'Never a frown with golden brown', un délice!

On passe du blues au Jazz, sans même s'en rendre compte si ce n'est qu'on se dit 'ah mais je connais ça' mais pas comme ça! Les voix s'amusent en 'Sum mamama time' et Pat claque sur le bois de sa mini basse.

Kik se moque 'Hey, on n'est pas au Muppet show!'. On passe à 'Shady GLove' dixit la setlist ( probablement Shady Grove) . Pendant que Kik tape la discute, Camille en profite pour transvaser une partie de sa pinte dans son propre verre sans qu'il s'en aperçoive. Merde, j'ai cafté!

'Chocolate Jesus' va à merveille avec la voix de Kik, vu sa proximité avec celle de l'auteur Tom Waits que le montreuillais présente comme Monsieur Thomas Jattends...(et 'T(i)om(e) waits for no-one' ont précisé les pierres roulantes). Un truc lancinant, sombre et sobre, au lent rythme sur des cordes.

Le patron Arnaud, malin, passe devant moi, filant comme un fantôme, avec une guitare et va se plaquer entre le mur et le bar pour accompagner l'orchestre qui n'est plus à un musicien près. Certains ne remarquent même pas l'Arnaud-malie!

Puis, un blues roulant de Memphis Slim 'Mother of earth' vient trainer dans l'atmosphère jusqu'à extinction du son.

Une pause hydratation s'impose mais les musicos ont bien l'intention de remettre ça. Ce sera sans nous, satisfaits d'avoir passé un moment unique avec un humble ORKESTARZ qui sait partager sa passion avec chaleur.
Un concert qui aurait sûrement plu à l'érudit 'Maudit Blues' sur Radioactiv'!

SETLIST
1-Restless love
2-St Louis Blues (William Christopher Handy)
3-Good morning little school girl (Sonny Boy Williamson)
4-Smokestack lightning (Howlin Wolf)
5-Golden brown (Stranglers)
6-Summertime  (Ella Fitzgerald)
7-Shady (G)love
8-Chocolate Jesus (Tom Waits)
9-Mother of earth (Memphis Slim)