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  • : Bienvenue sur Concerts-Review, le blog des critiques de concerts. Nous mettons en ligne quelques critiques subjectives des concerts auxquels nous assistons. N'hésitez pas à nous contredire à travers vos commentaires.
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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 09:57
Doowy - EP "Contre-Nuit"

 Doowy - EP "Contre-Nuit" 

Pastel Sunset Records

NoPo

DOOWY "Contre-Nuit" EP 2022


Thibaud Demey s'identifie à Doowy, cadet d'une fratrie de 4, dans la série Malcom (un peu martyrisé mais très malin).
Et comme lui aussi semble malin, si on inverse le 'm' de 'DEMEY' pour en faire un 'w', on obtient 'Dewey' prononcé 'Doowy' en anglais... tiré par mes cheveux mais j'aime bien!

Une idée du personnage au travers une analyse du tatouage sur son bras (extrait de l'interview ici : https://cinqmille.be/doowy-une-douceur-masculine-qui-fait-du-bien/
"Un Jack (Mr Jack, Tim Burton) qui représente une intraveineuse qui passe à travers le cœur, dans la tête et qui me rentre dans la peau. Ça représente ce que je fais dans la vie.
Le cœur représente la composition, qui est toujours un étalage de sentiments que l’on met en musique.
La tête c’est la production, c’est les influences, l’historique, le cerveau, c’est quelque chose de plus réfléchi, de plus neuronal. Les fleurs c’est l’épanouissement que ça me procure."

Après avoir joué au DJ, écrit, produit et prêté sa guitare à Lost Frequencies et Mustii, sans doute émoustillé, l'artiste belge, bercé à la chanson française, plonge solo dans une french pop, grand cru.
Sous ses faux airs d'Etienne Daho, Doowy construit son doux wop moderne à partir d'un retour vers le futur. Son instigateur se revendique de la famille de l'Impératrice, Mathieu Chedid et Chic alors...
Très doué, il fait tout et plus. Le surhomme, originaire de Jette (province de Bruxelles) en jette (évidemment). Cependant, il veut démontrer que l'homme est une femme quelque-part... mais où?

Une première réponse avec cet EP 'Contre-nuit' à la photo prise en contre-jour et de trois-quarts dos. Mystère et boule de gomme?


Ouverture plein soleil avec 'Saint Jean Cap Ferrat' invitant à un voyage (quoique, plus court) sous les mêmes rayons aux couleurs chaudes que 'Paris Seychelles' (Julien Doré).
Un clavier élégant, en arabesque, déroule un tapis rouge soyeux pour une guitare carrément daft-funky puis la voix se pose doucement sur un rythme régulier à la vitesse des battements de coeur pendant un jogging.
Un piano électrique vif et sautillant rappelle aussi l'existence de Parcels. Zyva, la boule à facettes! Aargh, j'ai juste envie de me jeter sur un parquet glissant en me trémoussant comme un macaque.
La classe! Un tube en puissance!

'L'eau du bain', sorti au printemps 2021, coule en toute insouciance sous des choeurs qui se pâment. Le synthé zigzaguant conduit la mélodie adorable titillée par une guitare effleurée.
Le clip met en scène un homme, au casque de chantier (rose), qui disparait rapidement, bien accompagné, dans une baignoire.
La vidéo diffuse un sens de l'humour raccord avec des paroles particulièrement bien écrites et délicates :
'L'homme viril que je ne suis pas se blottira toujours sous les ailes de celle qui le console à chaque fois que la vie dure le harcèle'

'Mon étoile', tout en retenue, nous prend par le poil et l'émotion.
Des percussions subtiles suffisent à cette trame au synthé, traversée par une voix féminine (samplée) frémissante , qui met en valeur une écriture limpide et poignante.

'Te plaire' me plait avec son rythme syncopé provoquant un déhanchement incontrôlable. Ce rythme joue un rôle primordial avec contretemps, synthé en cri lascif, basse / grosse caisse profondes parcourus de termes sonnants.
Thibaud possède la douceur du timbre de voix d'Etienne Daho. Les paroles écrivent une comptine adulte et ambigüe jouant sur la syllabe finale des mots qui s'enchainent.
'J'assure le coup de minuit... ce que j'imagine gine gine, gin dans ton verre verre verre, vers un rapport port port port... J'ai eu tort tort tort de penser que c'était clair!'

'Déraille' serait qualifié de 'slow' dans les 70's. Avec une voix de crooner italien, 'De Rai', ça l'aurait fait aussi.
La ballade, toute en brume translucide, nous berce tendrement. Des choeurs admiratifs viennent lécher la voix légère qui lézarde et lévite.

En Septembre 2021, 'Fragile' projette un arc-en-ciel éblouissant avec son gimmick d'entrelacement clavier / guitare funky imparable. La basse ronde gonfle la cadence rectiligne.
Les textes délicats montrent beaucoup de finesse tout en tombant magnifiquement dans le rythme (notamment la répétition de 'T'es qu'un').
'Moi j'aime les éclats, le bleu, le magenta, les roses rouges,  les lilas... Tu devrais ptetre changer de sexe, Tq1 Tq1 Tq1 fragile; les belles couleurs ça t'rend docile, Tq1 Tq1 Tq1 fragile, T'es pas un dur T'es pas viril'
Le clip réalisé par Quentin Moll-Van Roye pétille d'humour décalé avec partie de jambes en l'air (?!), vernis à ongles, crise de nerfs et maltraitance qui se termine dans des embrassades masculines... un hymne à la tolérance, bidonnant!


Thibaud assume totalement sa part de féminité et réfute les idées préconçues de la masculinité. Dur non, Doowy!
Décomplexé, il affirme haut et fort (à la hauteur de sa voix fragile, faut pas exagérer non plus!) sa personnalité attachante à travers des textes aux sujets actuels, cajolés par une musique moderne, rafraichissante, dansante.
Je peux vous l'assurer, plus vous l'écoutez, plus vous accrochez; ça va finir par se savoir et on peut lui prédire un beau futur sans retour (au plus tard à partir de Mai, oups!).



Thibaud Demey Chant, Guitares, Claviers
Laurent Seys Batterie
Textes et musique par Doowy
Production : Thibaud Demey
Mixage : Jean Vanesse
Artwork Pic @moonwalker_dop & @malice_films
Artwork Design @philippedebongnieillustration

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26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 13:30
Album - Ross Jennings – A Shadow Of My Future Self

 Album - Ross JenningsA Shadow Of My Future Self 

Graphite Records

NoPo

ROSS JENNINGS 'A Shadow Of My Future Self' 2021

Quand j'ai vu passé l'annonce, je n'y ai pas prêté attention...  qui? Ross Jennings?
Bah faut lire un peu plus les informations des pochettes et s'en souvenir! S'en souvenir... ne serait-ce pas mon problème, j'y ai déjà réfléchi non?
Et si je dis Haken? Ha- quoi? Ah si c'est mieux, j'entends!
Du prog-metal anglais haut de gamme, 6 albums chiadés à leur actif! Et le chanteur est ... tadadam, vous l'avez deviné.
Leur dernière rondelle sort en 2020 et Ross doit posséder le don d'ubiquité car il en profite pour enregistrer aussi avec Novena et encore, je ne vous parle pas de  D’Virgilio/Morse/Jennings pour 2022. Ah bon, on y est?
Une volonté pour le chanteur de passer à autre chose sans se retourner d'où l'ombre et le futur dans le titre ...
Voici donc son premier effort solo. Il ne lésine pas, 14 titres, 1H20 de musique, un double vinyle... du lourd quoi!
Tracklisting :1. Better Times 4:09 / 2. Words We Can’t Unsay 5:04 / 3. Violet 5:30 / 4. The Apologist 4:56 / 5. Rocket Science 4:15 / 6. Catcher in the Rye 5:19 / 7. Since That Day 3:25 / 8. Young At Heart 8:14 / 9. Feelings 4:57 / 10. Third Degree 4:35 / 11. Phoenix 11:15 / 12. Grounded 8:03 / 13. Year 4:56 / 14. Be The One (Bonus Track) 3:26

Pas question pour autant de s'isoler, Ross, tenté un temps de faire tout lui-même, se garde chant et guitare mais consolide finalement l'orchestration avec quelques 'clients' :
Nathan Navarro (Devin Townsend) à la basse (fretless), Vikram Shankar (Redemption, Lux Terminus, Silent Skies) aux claviers et Simen Sandnes (Arkentype) à la batterie.
Cerise sur le gâteau et sacrée idée, un ensemble de cuivres norvégiens (les 3 Blasemafian) vient leur donner du souffle.

Tracklist:
1 - Better Times
2 - Words We Can't Unsay
3 - Violet
4 - The Apologist
5 - Rocket Science
6 - Catcher In The Rye
7 - Since That Day
8 - Young At Heart
9 - Feelings
10 - Third Degree
11 - Phoenix
12 - Grounded
13 - Year
Bonus Track:
14 - Be The One(Dua Lipa Cover)
mixé par Karim Sinno/The AudioLoft et masterisé par Ermin Hamidovic de Systematic Productions (qui a travaillé sur 'Vector' & 'Virus' de HAKEN).

L'ultra-violet colore le fond de pochette où la photo de Ross Jennings semble griffonnée. Devant un mur (du son?), il tient sa guitare, forcément un indice.
Les dénominations apparaissent en blanc, verticalement sur le côté pour son nom, et horizontalement au milieu pour le titre.

Ici contrairement à HAKEN plus torturé, Ross construit les morceaux sur une trame simple facilitant l'intégration du chant à sa guise.

'Better times' avance dépouillé. Les sobres frottements sur les cordes laissent beaucoup de responsabilité à la voix qui la montre, c'est l'heure!
Une lapsteel, jouant à cache cache, donne une allure folk à la chanson

'Words We Can't Unsay' offre une intro vintage par un dring de vieux téléphone et saute sur un rythme entrainant et imperturbable.
Le titre me fait penser à 'Owner of a lonely heart' de Yes. On y trouve pas mal de petits sons électroniques.
La surprise vient, après, par les instruments à vent (faudrait savoir!) qui soufflent une superbe énergie au morceau juste avant que Ross ne monte ses aigus à la hauteur de ceux de Jon Anderson, un exploit... un magnifique morceau!

L'intro de 'Violet' dégage une puissance collective impressionnante, associant guitare au ton sec, et batterie volubile auxquels se joignent un saxo déchainé, une deuxième guitare électrique, une basse noyée.
Stop! Cassure! Batterie/Basse/voix claquent en rythme. La guitare s'accorde au son funky /jazz/rock. Le synthé et des choeurs viennent gonfler une couche déjà confortable.
Une fois les bases posées, reste plus qu'à faire tourner tout ça... pas de problème, ça glisse sur le parquet!
Autre rupture à 4 minutes, pour une envolée de prog bien sentie et tout se mari(llion)e à merveille.

Oh! 'The apologist' montre le niveau du batteur, haut! A nouveau, une guitare, peu habituelle, rythme en symbiose avec la basse jazzy, débridée, jouissive. Une flûte semble traverser l'instrumentation opulente.
'Presto Vivace' (UK) me vient à l'esprit. Allan Holdsworth aurait apprécié le solo de guitare prog. La batterie roule, enroule, déroule jusqu'au bout sans jamais dénouer son intrigue.

'Rocket Science' revient à l'ambiance du 2è titre avec une propension plus pop ou soft rock. Le refrain, en particulier, capte l'attention et donne envie d'accompagner le chanteur.
On pourrait presque penser au Blue Oyster Cult des 80's. En tous cas, la fusée décolle...

'Catcher In The Rye' glisse discrètement un arpège doux à la guitare. La batterie n'ose pas faire trop de bruit pendant cette intro à la basse dodue.
Le refrain donne un peu plus d'emphase mais on revient rapidement à l'élégance de quelques notes au piano.
Puis, à nouveau des cuivres grandioses viennent épaissir le trait du bonheur ressenti.

'Since that day' fait l'effet d'une transition (écologique?), une guitare acoustique nous baladant, comme une mise au vert, au gré de la voix nonchalante de Ross.
Un petit solo, à l'électrique, soutenu par le clavier vient cependant nous rappeler qu'il n'est pas tout seul.

On pourrait pratiquement suggérer un blues pendant un long moment à l'entrée 'Young At Heart'. Le mode ralenti et laid back surprend.
Puis le morceau accélère doucement par des développements larges et enveloppants. Au bout du rouleau, une ambiance piano-bar nous invite à nous laisser aller.

'Feelings' Who-ho-ho... En français dans le texte : 'Dis lui'. Rien à voir!
Elle commence par des frappes sacrément musclées et agiles qui imprègnent d'une belle énergie une compo pop prog, définition du style de cet album.
Les arrangements laissent un espace à la guitare et aux claviers, plus encore aux voix, pleines de bons sentiments et terminant a capella.

'Third degree' sonne l'heure de la sérénité. Ce morceau possède la légèreté 60's à la Simon&Garfunkel mais continuellement parcouru par quelques fins frémissements jazzy.
Les claviers lui donnent juste un peu plus d'élan sans déstabiliser les vocaux.

La guitare sèche et la voix très aigüe donnent des airs de balade féérique. Il ne lui manque que les choeurs et les claviers grandiloquents.
A la place une guitare électrique tremblante fait naitre une émotion. 'Phoenix' s'allonge finalement sans gêne et prend ses aises grâce à la batterie soudainement dynamique.
Les autres instruments, galvanisés, diffusent de belles sensations. La basse, particulièrement musicale, mérite le détour.
A mi morceau (7'25 exactement), le clavier, à la Genesis, fait son Cinema show et rappelle les racines prog de Ross. Puis des choeurs, assaisonnés aux percussions, mélangeant handclappings et tambours, évoquent Styx.
La composition, tellement riche, rosse l'auditeur poussé dans les cordes. A réécouter, sans modération, pour découvrir chaque détail...

De jolis arpèges sur les cordes de guitare amènent doucement le chant qui se pose aussi délicatement qu'un oiseau sur une branche. La rythmique s'installe sans heurts et la romance glisse.
Le clavier vient parfois donner plus de consistance pourtant une seconde guitare éthérée-floydienne se fait remarquer... avant l'apparition du saxophone tout aussi rose et hypnotisant. Grandiose!

Un pattern rythmique ouvre 'Year'. Une guitare s'y accroche en quelques points pendant que le chant s'y promène.
On pense aller loin comme ça sauf qu'une gratte céleste intervient par surprise, énervant la batterie, et motivant les choeurs puis retour à la complainte initiale, empreinte d'une certaine tristesse.

On a droit à un bonus avec 'Be the one', cover de Dua Lipa. 'Quoi! Tu connais pas Dua Lipa?' me jette ma fille. Ah ben maintenant si si! Ross est moins glamour.
Sa reprise transforme complètement son origine R&B pour en faire un tube pop calibré.
La rythmique montre d'emblée la direction des doigts slappés. La batterie s'en empare et la guitare sautille. Le chant monte vers le soleil... Une conclusion explosive!



Soyons honnête, cette plaque demeure un peu longue! Difficile d'aller jusqu'au bout d'un trait et toujours concentré.
Cependant, une majorité des plages nous entraine vers des paysages envoûtants et changeants grâce à une instrumentation riche, variée et remarquable.
Finalement, sans passer la brosse, le carrosse de Ross, bien que tout confort, fait entendre ses chevaux sous le capot et nous emmène loin.
Ross voulait rompre avec son passé, mais chassez le naturel, il revient au galop. Non, on ne peut pas qualifier cette oeuvre de prog mais elle en contient... malaxé, mélangé, ingéré, digéré.
Une recette alléchante!

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24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 17:53
EP Caprice - Kevin Preston

EP  Caprice - Kevin Preston

 

 Wild Honey Records

( michel) 

C'est en 2000 que la planète musique entend parler de Kevin Preston, un brave gars originaire de la  San Fernando Valley, proche de LA.

Billy Bones décide de reformer The Skulls, un des fleurons punk de LA, il fait appel à un jeune guitariste qui fréquentait la même école que sa fille: Kevin Preston!

En 2004, avec  Aaron Minton, Erik Arcane, David S. Field et  Daniel Nyby, Kevin fonde le glam punk rock band Prima Donna, groupe  qui a un jour compté Glen Matlock en ses rangs.

La discographie du combo,  toujours en activité, se chiffre à cinq albums et une kyrielle de EP's.

Kevin étant un guitariste très prisé en Californie se retrouve dans d'autres formations, notamment  Foxboro Hot Tubs, un side project de Green Day, Billie Joe Armstrong fait aussi appel à lui chez  The Longshot , un autre de ses plans garage, tout naturellement Green Day embrigade illico presto le brave Preston comme touring member.

On reste dans la famille!

Fin 2021, un caprice, Kevin décide de graver un effort solo, a three-track punk-a-billy EP, qu'il baptise ' Caprice'.

Trois morceaux, même pas 6 minutes de musique, Kevin est de la race des loirs.

tracks:

1. Caprice 

2. Close My Eyes 

3. I Know Where I Stand

crédits:

 All songs written and performed by Kevin Preston
Produced and recorded by Bruce Witkin
at Unison Music Studios 

 

Pochette: Kevin ( le regard absent) et sa guitare, détriplés en rouge et noir, s'il a besoin d'une masseuse on peut lui proposer Jeanne. 

La plage initiale ' Caprice' semble sortir en ligne droite du jukebox d'Alan Vega.

Du  punk rock, aux effluves All Shook Up, passé dans un milkshaker  détraqué qui risque de te sauter en pleine poire et de te défigurer pour le coup, ta pauvre maman aura du mal à te reconnaître.

Dommage que Christophe a passé l’arme à gauche, il aurait aimé ce chant spasmodique et ces guitares qui grondent à la manière d'un Brian Setzer sur son album 'Gotta Have The Rumble,'.

Sérieuse décélération lors de la seconde plage, 'Close my Eyes', une romance sur laquelle plane l'ombre de Chris Isaak et des productions de chez Sun Records .

Vais emmener ma copine au Blue Hotel et sur la route lui ferai écouter 'Close my Eyes', elle va craquer, c'est une grande romantique!

Retour au rock  avec ' I Know Where I Stand' .

Quand tout gosse tu entends  ton père chanter ' Return to Sender'  ça te marque à jamais, il est  donc tout à fait naturel avec un tel background que le style de  Kevin Preston s'assimile aux grandes figures du rock des fifties: le King, Ritchie Valens , Buddy Holly, Carl Perkins, etc..

Le gars sait d'où il vient, et où il va, et avec son jeu de guitare bourré de  licks dévastateurs, son look rebelle et son  timbre idéal pour tomber toutes les rockabilly chicks de l'univers, il pourrait bien prendre la place  de chats de gouttière vieillissants. 

 

 

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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 08:52
EP- A Dream About Death - Circa Survive

EP-  A Dream About Death Circa Survive

NOPO 

 

CIRCA SURVIVE A dream about death 2022

Rise Records

 


J'ai découvert l'existence des américains en 2012 avec l'album 'Violent Waves' qui m'a ébloui par ses guitares éclatantes (et son parfum à la Dredg).
Anthony Green (le chanteur), les cite volontiers ainsi que Deftones, Björk et Nirvana (influence moins évidente).
Formé en 2004 à Philadelphie, le groupe a publié 6 LPs :
    Juturna (2005)
    On Letting Go (2007)
    Blue Sky Noise (2010)
    Violent Waves (2012)
    Descensus (2014)
    The Amulet (2017)
puis 2 EPs récemment, coup sur coup, 'A dream about love' en 2021 puis son jumeau 'A dream about death' cette année.
D'après Anthony, le bipolaire, une rupture musicale présentant 2 facettes de sa personnalité.
Après une overdose à l'héroïne (quasi mortelle) et déstabilisé par la pandémie, le chanteur parle de survie grâce à Circa et leur solide amitié.
    Anthony Green - lead vocals
    Colin Frangicetto - rhythm guitar, backing vocals
    Brendan Ekstrom - lead guitar
    Nick Beard - bass, backing vocals
    Steve Clifford - drums, percussion

Peu importe les guitares incisives abandonnées, l'évolution électronique ne prétexte pas un arrangement pour des compositions plus faciles.
Au contraire, les musiciens s'éloignent de leur zone de confort, en privilégiant des rythmes programmés et en limitant l'habituel impact fort des grattes qui sonnent ici comme des claviers.
Colin Frangicetto avoue avoir été entrainé, dans ce sens, par 'Jupiter' de Cave In et les sorties récentes de Codeseven et parfois, joué son instrument comme une basse pendant que Nick Beard accordait les claviers.

Pourquoi 2 EPs à facettes (aussi éblouissantes que les boules) plutôt que 2 faces sur un LP?

 Pour donner une chance aux chansons!
"Honestly I feel like I wanted the songs to have more of a chance of getting heard.
When you put out like ten songs on an album, there's maybe three or four tracks that everybody gets to hear, and then some people will just never experience the full thing"
ça se défend... même si de plus en plus d'auditeurs deviennent des zappeurs fous!

6 nouveaux morceaux (à nouveau produits par Will Yip) répondent donc aux 6 précédents.
1. Electric Moose
2. Curritiba
3. Late Nap
4. Discount On Psychic Readings
5. Die On The West Coast
6. Buzzhenge

La pochette reflète l'antécédente comme une variation.
Un mur ancien couleur ocre, recouvert de sculptures foisonnantes, en partie taguées, entoure d'une arcade, une porte peinte avec un buste de femme aux allures XVIIè, 2 trous abimant le portrait au niveau des yeux et de la poitrine.
Devant ce mur d'enceinte au style gothique alambiqué, des déchets divers flottent sur une flaque d'eau, bordée de plantes, et qui s'engouffre sous la porte.
Esao Andrews, le peintre attitré du groupe, offre une nouvelle illustration étonnante de ses créations surréalistes.

Le contenu s'exprime de manière aussi perturbée et perturbante.
Anthony écrit les paroles sur ses peurs et ses passions, la dépendance, le suicide... (les boules sans les facettes quoi!).


'Electric moose' plonge aussitôt dans un bain électro dont le gimmick dissonant, au synthé, forme des rides en surface. Le chant exprime une humeur maussade sur des choeurs rêveurs.
Un son de boite à rythmes marque sa répétition. Des bulles électroniques jaillissent de toutes parts et les guitares retenues prennent un virage shoegaze.
Il faut regarder le clip, mettant en scène dans une danse frénétique, une relation fausse et abusive.

L'intro onirique de 'Curitiba', dominée par des vocaux aériens, se couche, en contemplation, sur un duvet piano/guitare.
Des voix éthérées s'empilent ou se répondent derrière 5 notes au piano, taquinées après par une rythmique lointaine et délicate.
Sous l'effet de la grosse caisse d'abord, puis la batterie, de plus en plus éloquente, l'ambiance monte d'un ton, avant de fléchir dans un reflet qui s'estompe.

Dans 'Late Nap', un rythme insistant précède un riff original et élastique au clavier, parfois accompagné par une guitare cristalline.
De petits sons subtils parsèment la trame musicale. La voix, particulièrement intégrée, circule sereinement.
Le final gracieux laisse flotter une mélancolie agréable au goût synthétique.

Le son de basse, aux abonnés absents jusqu'à présent, prend les choses en main sur 'Discount On Psychic Reading'.
Ses grasses vibrations guident le morceau sur une cadence rectiligne agrémentée, de temps à autre, par quelques divergences au clavier ou à la guitare.

Un son de gratte ondule et réverbe pendant 'Die On The West Coast'. Des accords en perles scintillantes glissent sur la mélopée chaleureuse.
Le rythme tisse une dentelle délicate et discrète. Le chant déambule tranquillement au milieu des sillons de cette pop angélique somptueuse.

'Buzzhenge' démarre sur des bases identiques d'une grande sensibilité avec une voix prenant parfois quelques accents plus douloureux.
Les guitares, au son travaillé, restent reines et complices des claviers. Tout se mêle dans une harmonie sublime.
On pourrait presque qualifier cette composition enveloppante de dream-pop psychédélique.


Le pari semblait audacieux mais le jeu en valait la peine. Le timbre de voix particulier d'Anthony reste le fil conducteur de cet électro-pop gracieux.
Circa Survive réussit son pari de l'expérimentation, tout en restant à la fois touchant et reconnaissable. Une vraie renaissance!

 

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 09:15
EP - Witch Fever – Reincarnate

EP - Witch Fever Reincarnate

 Music For Nations

( michel)  

C'est la saison de la sorcière, comme le chantait si bien Donovan en 1966, il ne croyait pas si bien dire,  le gars de Glasgow, près de 55 ans plus tard, des disciples des célèbres lanceuses de maléfices de Salem ont formé  un clan à Manchester , elles se bombardent comme étant Witch Fever , après avoir signé un pacte avec Lucifer, elles risquent bien de pratiquer leurs rites magiques jusque dans ton jardin, pas forcément édénique.

On découvre une  première trace de leur passage chez les Mancunians en 2017, elles pilonnent  la région de quelques singles ' Carpet Asphyxiation' , 'Toothless' , ' Daddy pt 2', 'Bezerk(h)er' et sa face B 'The Hallow'

Leur réputation, sulfureuse, ne tarde pas à dépasser le comté de Manchester, tout le UK succombe à leurs charmes funestes, le continent, malgré le Brexit, suit.

Fin 2021, Amy Walpole (vocals), Alex Thompson (bass/vocals), Alisha Yarwood (guitar) et Annabelle Joyce (drums) enregistrent l' EP "Reincarnate".

 

Ne se contentant pas de leur rôle de sorcières, les filles revendiquent aussi leur identité queer et leur allégeance au mouvement riot grrrls, pas besoin de te dire que leur soupe n'a rien à voir avec la variétoche que t'entends à longueur de journée sur NRJ , M Radio ou Radio Plein Coeur, leur credo c'est le punk, le grunge, le hard bien sale.

La pochette:  dans les tons gris,  représente un machin indéterminé, probablement un crotale sournois, prêt à t'inoculer son venin, il est  bien caché dans un  décor monocorde, le nom du groupe, couleur rouge sang,   dessiné esthétiquement  par un calligraphe tremblant, émerge en plein centre pour frapper les imaginations. 

 Tracklist

A1 Reincarnate
A2 In The Resurrect
A3 Abject
B1 In Birth
B2 Initiation
B3 Bully Boy

Pas de round d'échauffement, avec ' Reincarnate' tu entres d'emblée dans le vif du sujet, des guitares blindées prennent le chemin des lignes ennemies,  protégées par des barbelés qui risquent de ne pas faire long feu face aux monstres. 

Ces Challengers 2  en ont vu d'autres, si les Russes nous emmerdent, on rapplique!

Après cette entrée en matière massive, la petite Amy, pas confondre avec Miss Winehouse, place sa harangue brutale, t'as intérêt à éviter ses coups, si elle atteint tes lèvres, t'es bon pour un passage chez le prothésiste.

 Elle te prévient en hurlant...You won't break me..., c'est toi qui vas encaisser, mec.

Les copines, à l'arrière, tout aussi furieuses,  élaborent un mélange sonore aux allures de shrapnel destructeur.

Tu t'en es sorti sans trop de casse, les pavillons ont légèrement souffert, tu te dis que la suite sera plus décontractée, et, si ' In the Ressurect' démarre de façon moins virulente, très vite les tanks en remettent une couche, Amy, toujours pissed off,  amorce en demi-teinte, avant d'accélérer pour prendre des intonations Kat Bjelland ( Babes in Toyland), tiens, elle est née à Salem, cette chatte.

Lors d'une interview les filles dévoilent ceci:   The overall theme of the song is about rejecting Western beauty ideals and how the male gaze tells us we, as women and non-binary people, should look and behave.

 La guerre des sexes aura bien lieu!

'Abject', gars, tu me fixes comme si j'étais un morceau de viande, ton attitude sexiste me répugne.

Sur fond sonore mariant le doom d'un Black Sabbath, quelle basse destructrice ,, et la fureur des Slits, Amy, irritée jusqu'à la moelle  crache son  dégoût,  elle n'y va pas de main morte,....   I’ll give what you deserve... il y a peu de chance que ce soit un tendre bisou!

.... You pressed me, undressed me 

Telling me I was your wet dream ... braille la petite chanteuse après 1'30" sur ' 'In Birth' pour décrire ce qui lui est arrivé peu avant ses  16 ans  dans une église orthodoxe où les abus sexuels étaient monnaie courante.

Cette expérience traumatique se retrouve aussi bien dan les textes que dans l'emballage sonore, brutal et bourré de grungy riffs,  à l'arrière Annabelle bastonne à la manière de Palmolive, la femme savon, martyrisant ses fûts au sein des Raincoats, 

Un mot a à propos du clip accompagnant la chanson, si tu souffres d'hématophobie, tu oublies, ça pisse de partout!

Il n'est pas question  d' ' Initiation' spirituelle mais sexuelle, Amy fait à nouveau explicitement  allusion aux outrages subis dans sa jeunesse.... Your blood got on my clothes and now I’m 12 years old...you cut my skin, and planted yourself within...

Véhémence, passion et émotion, se  retrouvent dans son chant convulsif, derrière. les filles élaborent un  rock  lent, aux accents sludge, balèze et menaçant .

L'heure où Amy était la pauvre victime  est révolue, mademoiselle passe à la contre-attaque.

 Ne  compte pas sur une once de pitié... Pass me the hammer and I’ll break both of your knees,  coz I told you to stay away, stay the fuck away from me...There’s a blinding wrath inside me, and you’re the one to blame... 

Ouais, ça arrive encore des gars gueulant ' à poil' en assistant à un concert donné par des filles, c'est pas le genre de truc que Witch Fever tolère, 'Bully Boy' nous l'explique de manière claire et féroce.

 Amy scande ses griefs jusqu'à perdre haleine! 

Le message, explosif, est greffé sur un fond doom punk hystérique et violent ne s'assagissant, relativement, qu'en vue du terme.

Messieurs, attention au message final: ce n'est qu'un début,  Das ist nur der Anfang - der Kampf geht weiter... vous, voilà, prévenus.

 

Pas de concessions avec Witch Fever, c'est du rock à l'état pur!

 

Les concerts de fin février/mars en France, en première partie de Idles, sont tous complets!

 

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13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 17:42
Album- Animal Triste : Night of the Loving Dead

 Album- Animal Triste : Night of the Loving Dead

 m/2L* [PIAS]

NoPo 

ANIMAL TRISTE Night of the loving dead 2022

Un film d'horreur rempli de morts vivants me vient instantanément à l'esprit. Animal Triste passe au gore? Gore au gorille? Ben non, change tes lentilles, c'est loving pas living! Bah... pareil, "Living loving" chantait Led Zep.
Les normands m'avaient bluffé avec leur premier LP lunaire en 2020 ( voir concert monkey)  (et ils confirment leurs capacités nocturnes en ce début d'année.
Cette fois, ils ne dansent plus dans la nuit, ils y errent, sans erreur, avec la prestance de ceux qui savent où ils vont.

L'équipe se maintient à 6 dus (des anciens de la Maison... Tellier, Darko, Radiosofa et ...Dallas):
Cédrick Kerbache: Basse
David Faisques: Guitares / Claviers
Fabien Senay: Guitares
Mathieu Pigné: Batterie
Sébastien Miel: Guitares
Yannick Marais: Chant
+
Peter Hayes (Black Rebel Motorcycle Club, une de leurs références) : Guitares / Invité 
Mathieu interviewé par Amélie de la boite à musiques
"Le mec il t’envoie un truc où il joue de la guitare d’abord sur une de tes chansons puis sur deux et pas que de la guitare, il a rajouté des claviers.
Et je me souviens lui écrire « je ne sais pas comment te remercier », et il me dit « non c’est le plaisir de la musique ». C’est juste incroyable."

Forcément, échafauder un nouvel album sur de telles bases doit motiver et donner un résultat à la hauteur.
A commencer par la pochette de Léonard Titus (Jean Charles Durand, ami du groupe) qui a eu l'idée de planter le logo en bois, comme un sapin (pas celui du cercueil!), dans son jardin avant de l'enflammer.
Cette flèche, présente dans les deux 'A' de Animal, indique un objectif vers le haut du ciel crépusculaire.

Et la galette me direz-vous? Flambée au trou normand, elle allume un post-punk déchirant, sensible et fier!


Simple Minds me plait toujours autant. Non, je ne me trompe pas de disque, je sais qu'Animal Triste ne visite pas vraiment les mêmes contrées... quoique... (écoutez 'Dolphins' des écossais sur Black and White 2005 par exemple!)
Sur 'Machine Love' (jadis travaillé par Darko), j'ai l'impression d'entendre le meilleur des esprits, le plus organique.
La voix vibrante de Yannick prend des intonations amples et exaltées à la Jim Kerr mais je lui trouve une certaine fragilité gagnant en profondeur.
Et pourtant les premiers mots 'Will you drive in the moonlight' font plutôt immanquablement penser aux Doors.
Le titre, monolithique, joue sur des tons sombres où synthé, basse, batterie enfoncent le clou pour mieux libérer les déflagrations de cymbales sur une fontaine de guitares réverbérantes, au plus fort des derniers instants magnifiques.

'I'm addicted to the night' si c'est pas triste ça... et pourtant! Et pourtant la beauté écrase la tristesse transformée en aspiration 'attracted to the bright lights'.
Sur le clip (Stéphane Maunier), le logo brûle telle la croix du Klu Klux Klan qui finit par se dédoubler en s'inversant.
Les guitares, dont celle de Peter Hayes, pleurent la mélodie ardente de 'Tell me how bad I am'. Le chant de Yannick s'y pose avec délicatesse.
Un son proche de la slide, tout en écho sur un grondement, donne de l'emphase et de l'authenticité.

Derrière un riff ourlé, suivi d'un cri, 'The gift of love and fear' impressionne par son rythme martial et le bourdonnement de la basse.
Dès les premiers mots 'Was this girl made in heaven or was she born in hell?', la guitare se retient, suspendue au bout d'un fil.
Le titre me fait l'effet d'un classique à la Nick Cave même si la voix de Yannick n'atteint pas la noirceur de ses graves.
Les gars raffolent du crescendo, parti de loin et montant ici dans larsen et fougue électrique pour conclure.

Le piano ténébreux bouleverse,  l'intro de 'Animal Years' ferait penser à The National, mais un rayon sort de l'ombre, un visage éclairé...
Une voix chargée d'émotions, pleine de conviction, clame la raison d'être de l'animal 'All of the darkness strangely fades away, we saw the lights inside, we knew we had to stay'... lumineux!
Plus tard, les toms résonnent sous un rebond lourd. A l'inverse les touches du piano s'envolent comme des étoiles scintillant au dessus des toiles de guitares.

'Mary full of grace' livre une autre ambiance particulièrement électrique, tendue, acérée. Les claquements d'éclairs à la batterie recouvrent la basse orageuse.
Les grattes grondent puis les cymbales agonisent et une guitare, perchée, lacère on the edge (early U2). Titanesque!

'E.V.I.L' renvoie au heaven and hell de 'The gift of love and fear'. 'Don't be afraid to die' ne s'accepte pas aussi facilement.
Des murs de guitares sulfureuses, industrielles jaillissent parmi les passages lourds, dominés par les roulements de batterie.
Quelques choeurs fantomatiques expriment leur douleur. La version rouennaise du doom sabbathique?

Dans 'With every bird', guitares et voix plaintive m'évoquent le classieux Certain General. La rythmique marque puissamment alors que Yannick psalmodie.
Les nombreuses guitares (feat. Peter Hayes), égrenées, dégagent des notes cristallines. Les frappes sur les toms font mal et quand ça fait du mal, c'est que ça fait du bien (ah bon?)!

Le riff en boucle de 'Afterlife' accroche d'emblée l'oreille surtout derrière cette grosse basse vrombissante claquée par les baguettes.
Le morceau bouillonne de vigueur. Les vocaux modulent différemment, un peu épileptiques (par moments j'entends le timbre nasillard de Bob Geldof-Boomtown Rats-).

'Play God' retourne un couteau dans la plaie, on sent son frottement dans le riff acide de la guitare et le sang couler sous les frappes appuyées.
Intense, le titre remue tout autant l'estomac, qu'il faut bien accroché. La voix s'allonge, solennelle et belle. On croit entendre un mellotron derrière le fracas qu'il accompagne.
Soudain, ombrageux, il vient gonfler les rugissements jusqu'à l'explosion puis, après un temps de respiration difficile, il abandonne l'effondrement progressif et strident tout au bout. Fascinant!

'Diamond dreams' s'appuie sur une corde serrée et répétitive, ce n'est pas celle du pendu même si le coeur se serre sous cette mélancolie.
Une 2è guitare se manifeste dans le lointain. Un sifflotement, presque guilleret, lui répond, en apaisement. Une conclusion sensible et prenante, un envoûtement!

Bouche bée, je me fige... ou presque car mon coeur bat la chamade.
Il me reste l'écriture pour dire tout le bien que je pense de cette Oeuvre avec la majuscule, 'O' là-haut!



TRACKLISTING
1-MACHINE LOVE
2-TELL ME HOW BAD I AM (Feat Peter Hayes)
3-THE GIFT OF LOVE AND FEAR
4-ANIMAL YEARS
5-MARY FULL OF GRACE
6-E.V.I.L
7-WITH EVERY BIRD (Feat Peter Hayes)
8-AFTERLIFE
9-PALY GOD
10-DIAMOND DREAMS

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 15:40
Album- Vanessa Philippe - Soudain les oiseaux

Album- Vanessa Philippe - Soudain les oiseaux

 Le Poisson Spatial

( michel)

 

Déjà un cinquième  recueil pour Vanessa Philippe,  qui partage avec Patricia Kaas des origines lorraines (sans sabots dondaine), " Soudain les Oiseaux" paraît près de quatre ans après "A l'abri du vent".

Vanessa, lors de diverses entrevues avec des journalistes, a confié que cet album  constitue  un hommage à sa grande sœur disparue en août 2019.

Si le deuil en est l'inspiration essentielle,  l' auteure, compositrice et interprète, a  voulu doter les chansons d'arrangements pop joyeux pour neutraliser la mélancolie inhérente au thème.

L'album a été enregistré et réalisé par Pascal Parisot ( il se charge de tous les instruments virtuels et des guitares) et mixé par Angy Laperdrix, Vanessa Philippe a signé les 12 compositions.

1. Si ce soir-là
2. Soudain les oiseaux
3. Sister
4. Pantalon de soi
5. Suivre le soleil
6. Les maux
7. Parfois
8. Malgré tout
9. Trop de larmes
10. Une autre Planète
11. Combien d’efforts
12. Paradise

 

Une pochette surréaliste:  alors qu'il est question d'oiseaux, c'est dans  un bocal contenant un poisson rouge que  l'énigmatique jeune dame a glissé son visage, recouvert d'une capuche, la faisant ressembler au petit chaperon rouge, si ce n'est que la combinaison  de cosmonaute enfilée, est argentée.

Le fond bleu, la teinte orangée du carassin doré , le gris de la tenue spatiale,  le ton  crème du visage, rehaussé par le rouge feu des lèvres, produisent un bel effet de surenchère de couleurs.

La photo est signée Elisa Paci.

Comment dompter le deuil sans sombrer dans le pathologique?

 Vanessa propose une mélodie faussement détachée,  ' Si ce soir- là'.

Tu ne reviens pas...je bois de la vodka et je pense à toi.... la tendre rengaine, chantée d'un timbre fragile,  prenant fin sur fond de guitare grinçante, amène l'auditeur à déchiffrer le chagrin  dissimulé derrière l'apparente légèreté du décor sonore.  

' Soudain les oiseaux', Vanessa écrit, compose, chante, on a omis de dire qu'elle dansait et réalisait ses clips. Il faut absolument que tu jettes un oeil sur celui qui illustre la chanson-titre, si tu es fan de Magritte, qui lui aussi avait un faible pour les poissons , les oiseaux, les sirènes ( enfin, les sirènes à tête de poisson mort,  aux jambes et au sexe féminin), tu seras au comble du ravissement.

Note pour le président de Gaia;  aucun animal n'a été maltraité durant le tournage du clip et le fond musical, liquide, forcément,  a été amorti pour ne pas terroriser les bébêtes.

Avec une oeillade en direction de   Jane Birkin, le bilingue  ' Sister'  dresse un portrait sensible de la disparue. La fragilité du fond sonore, accentuée par des cordes éthérées, une guitare finement égrenée et un chant chaste,  transforme la plage en élégie pudique. 

La valse ' Pantalon de soi' ( non, ne cherche pas le e) peut faire songer  à ' They dance alone' de Sting, sans le côté tragique. En rêve, Vanessa revoit sa soeur, enfile certains de ses attributs  vestimentaires et danse avec elle.

Un subtil solo de guitare décore la touchante mélodie.

' Suivre le soleil' , dont le clip a  été nommé Best Pop Music Video at the Munich Music Video Awards, sous des allures désinvoltes,  cache une cicatrice profonde, éclairée par les dernières lignes de la chanson... Le temps est venu Tout s’en va et moi je reste Le temps est venu Tous s’en vont et moi je reste...

Exprimer la douleur par des mots n'a jamais été une opération aisée, Vanessa Philippe s'en tire avec tous les honneurs, ' Les Maux', de façon imagée, décrit son désarroi, la tentation de mettre fin à ses jours pour rejoindre celle qui est partie.

Pudeur et tendresse caractérisent ce grand morceau, construit sur un piano aux accents Frédéric Chopin et une orchestration digne du "Bal des Lazes" de Polnareff, avec comme des effets de theremin en background.

Démarrage en pizzicato pour ' Parfois' , un titre, à l'orchestration superbe,   qui  t'invite à un voyage du côté des pays du soleil couchant ,  si tu crois voir l'image de la soeur volatilisée, c'est probablement  un mirage!

Comme enregistré dans une grotte, ' Malgré tout' ,  ses effets d'écho, son instrumentation minimaliste et les palabres entendus en bruit de fond , amalgame à nouveau songes et réalité.

Qui suis-je, elle?

Moi?

Qui n 'est plus, elle, moi?

C'est ta mort qui me tape sur le système,  qui me tue... et pourtant je vis!

Certains parlent du leitmotiv wagnérien, de grundthema , pour expliquer la récurrence d'un sujet, il en va de même chez Vanessa Philippe,  'Trop de larmes', sous un emballage musical forain, dévoile encore et toujours les mêmes blessures.

Les plaies mettront une éternité à se cicatriser, ...trop de tristesse, trop de souvenirs et pourtant, le passé devient flou...  

J'aimerais tant m'évader sur "Une Autre Planète"...

Bonne nouvelle, Miss Philippe,  la Nasa a découvert une autre planète de la taille de la terre dans une zone habitable, je te refile le numéro de Jeff Bezos, il t'y emmène pour presque rien et là-bas tu pourrais danser le menuet avec les vagues.

Un tour de clé, la boîte à musique se met en marche, les figurines miniatures, jolies ballerines échappées d'un tableau de Degas, pirouettent  gracieusement sur l'éphémère ritournelle qui, sous un aspect charmant, cache un trouble profond, ' Combien d'efforts'  pour t'apporter du réconfort?

Fin logique, in English, she must be in ' Paradise', on se rejoindra là-bas, tiens- moi une place au chaud. On regardera  'La mélodie du bonheur',  version originale ( The Sound of Music) à deux, et à l'entracte on ouvrira la fenêtre pour contempler les paradisiers déployer leurs plumes pour la parade nuptiale.

 

"Soudain les Oiseaux', un album intime à la poésie omniprésente, élaboré sous forme de catharsis, qui fait du bien  et apaise. 

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 14:52
Album - ARCHI DEEP – Lightning Concept

 album - ARCHI DEEPLightning Concept

 

NoPo 

ARCHI DEEP Lightning Concept 2022

Depuis 2013, 3 musiciens constituaient Archi Deep & The Monkeyshakers... mais c'était avant...
Ils écoutent Bashung, Higelin, Thiefaine et travaillent avec son fils Lucas.
En 2018, ils décident de se limiter au duo et d'oublier les singes confirmé sur l'album de 2019 'I ain't no monkey'.
Lightning Concept sort en en 2022 avec Arthur Di Piazza (un nom fait pour le rock nous confie Little Bob), guitariste-chanteur à l'origine du projet, et cette fois, Richard Bertin à la batterie (après quelques roulements mais pour un batteur, c'est normal).
Ce dernier collabore avec Nagui pour ses émissions 'Taratata' et 'N'oubliez pas les paroles'.
Quant à Arthur, le couteau suisse d'Oléron, il écrit, compose, enregistre et mixe. Il a aussi décidé de la signature : Archi, pour Archibald (son deuxième prénom), Deep, diminutif de son patronyme (DIP.iazza).


Le disque, d'abord dévoilé sous forme de 4 EPs, explique la présentation en 4 parties distribuées à l'unité sur chaque carton précédent.
En effet, 4 éclairs de couleur flashy, en mode 3D, accueillent 'Archi' au sommet et 'Deep' sur la tranche. Ecriture psychédélique pour un design signé S'moon signs et Marguerite.
L'idée? Lighting Concept, c'est marqué dessus!

4 EP's, ça fait combien de titres? Ah 15 à la douzaine... archi beaucoup, faut bien ça!
Archi Profond? Voyons ...


'Mr Government' construit son blues rock sans frime. J'ai senti cette naturelle attitude chez Roman (Gaume) Electric Band ou Inspector Cluzo, des artistes aux racines profondes.
Les choeurs angéliques en 'ouh ouh ouh' et les sifflements rendent le morceau faussement pop.

'All was left of me' flotte sur une gratte sèche, arrosé ensuite par les frappes sur les peaux. Pas sado, une deuxième caresse de guitare vient épaissir le son tout en le laissant respirer.
Du coup, quelques notes de piano maso se disent qu'on est pas si mal sous les cou... rants d'air.

'Paranoïd', ne correspond ni à Black Sabbath ni à l'androïd de Radiohead. Il s'agit plutôt d'un rock un peu rêche où la guitare se fait, par instants, passer pour une basse et convoquant les mêmes 'ouhouh' que sur le premier titre.

Belle entrée en matière à la gratte électro-amplifiée, secouée ensuite par une batterie bien décidée à dynamiser ce rock. Un souffle puissant nous entraine dans un balancement irrésistible.
'Speak' serpente, tout en ruptures et changements de directions déboussolantes, pour toujours retomber sur ses pattes de félin... pour l'autre c'est ce qu'on ressent de la complicité guitare/batterie. La guitare saturée en bave d'énergie.

Richard démarre au roulement fracassant. 'All the time', en rock basique, convainc sans fioritures... tout juste une guitare parfois saturée, parfois doublée, souvent fouettée par les toms et cymbales éloquents.
Arthur en termine dans un gargouillis.

Le bref 'At Least You Liked It Like That' bégaie quelques mots surfant sur une guitare libre et funky de temps en temps. La batterie s'occupe du groove et tout glisse comme une rivière attirée par la mer.

'Hey you' préfère Led Zep au Floyd. La guitare mélange sons vintage et modernes. La voix module dans son expression bavarde et sûre d'elle.
Un passage hands clapping l'incite à des intonations entre funk et rap sur une rythmique en clin d'oeil à 'We will rock you' (boom-boom clac).

'Don't hold back' invite un clavier aussi doux que la neige en hiver. Arthur, très à l'aise avec sa voix aérienne, se balade sous les étoiles. Une flânerie en forme de berceuse.

'Look around', à l'acoustique, dégage des effluves du double-blanc, bandes à l'envers comprises; un blanc sec bien sûr et épuré (juste quelques hautes harmoniques), entre Blackbird et Rocky Raccoon.

Cette fois sur ' Baby Can't You See', on pense au blues brut début des Black Keys voire de George Thorogood. Le travail sur le son de guitare se montre bigarré alors que la batterie reste rudimentaire mais agrémentée de percussions discrètes.
Lors d'un passage, une voix accrochée au kazoo essaie de suivre le riff. Plus loin, les choeurs à 2 répètent le titre. Bien frappé, ça se boit sans soif!

Le piano sur 'The Unknown Fever' développe une saveur délicieuse. Cette plage, poppy, aime la recette façon Beatles ou Queen.
La mélodie trace, bien soutenue par la batterie radieuse tout comme la voix s'aidant du vocoder puis montant à la limite du décroché. Une sucrerie!

'It's Harder When It's Slow' alterne une certaine lenteur expliquée par le titre avec quelques accélérations bien senties.
On passe allégrement du blues rock électrique à la Britpop toujours guidée par la guitare boussole aussi variée que brillante. Final pachydermique, un éléphant en apesanteur!

Le riff rauque de 'Since I'm Gone' dérape direct dans le conduit auditif, un pur bonheur. Les choeurs se gavent du miel bluesy. Le son de gratte déchirant et moderne rappelle le Billy Gibbons des années 90.
L'esprit se situe entre la teinte rouille de 'My mind is gone' des ZZ Top et le radio friendly 'Since you've been gone' de Rainbow.

'Isolation breakdown' ne prend pas la direction d'une rupture de communication à la Led Zep.
Le morceau bascule d'un spoken word trainant et jazzy genre Lou Reed à un phrasé rap au rythme marqué (qui se retient d'avancer jusqu'à Rage against the machine).

'Let Me Hold Your Hand' invite un mellotron beatlesien faisant monter merveilleusement la mélodie et la petite larme. Bien sûr, la guitare, amoureuse, fait les yeux doux au mellotron (un ptit air de Stairway to heaven aussi), se pliant en 2 (voir en 4) par instants.
La voix se marie parfaitement avec cette douceur et pour finir, la guitare à la Georges Harry sonne dans une belle enflammade saillante.


Ce disque possède l'avantage de ses inconvénients et inversement. Il varie les couleurs, certains diront il se disperse, mais toujours intéresse par un mélange personnel.
Passion et humilité transpirent dans le concept architecte. Enchainez-le plusieurs fois, les titres sont courts et vous ne serez pas déçus.

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6 février 2022 7 06 /02 /février /2022 16:28
Rebecca McCartney - EP “How you feel”.

Rebecca McCartney - EP “How you feel”.

 Loonar Records

 

( michel)  

Heather McCartney, Mary McCartney, Stella McCartney, James McCartney et Beatrice McCartney ont   un Beatle comme papa, pas Rebecca McCartney, même si la demoiselle, from New-York,  affirme avoir grandi in a really musical family.

Toute jeune, elle prend des leçons de piano et tâte de divers instruments, plus tard on la croise dans une chorale, elle s'implique aussi dans le musical theatre et tout naturellement commence à composer et à interpréter des chansons .

Le jazz, le R& B et la pop ont ses faveurs, comme sources d'inspiration, elle cite  D’Angelo, Lauren Hill, Erykah Badu, The Roots, Lianne La Havas, Norah Jones, Ella Fitzgerald ou  Peggy Lee.

2020, elle fait équipe avec Jakob Leventhal pour former le duo folk Garden Party, ( un album en mars de la même année) .

Jakob a de qui tenir: petit-fils de Johnny Cash et  le bristol de Rosanne Cash, his mum, n'est pas nul, non plus. 

Avant le projet Garden Party, le garçon avait déjà sorti un album et un EP sous son nom et produit un EP pour Nick Sherry.

C'était couru, Rebecca; qui chante et manie la guitare,  fait appel à lui pour produire son premier effort discographique, Jakob  joue de tous les  instruments, except drums performed by Jason Burger.

A première vue, ce Jason n'est pas n'importe qui, il a fait partie de Big Thief et a opéré comme session musician pour quelques gens pas idiots, tels Alela Diane, Kate Copeland, Cory Chisel ou My Brightest Diamond.

 Tracks

1
Remember Less
04:14
2
Just Air
03:22
3
Undone
E
02:50
4
For Avery, in June
03:27
5
Behind Closed Doors
03.06 
 
Pochette sans surprise, une photo, en contre-plongée, de la demoiselle, cheveux blonds, bouclés, elle exhibe une tenue printanière,  top  fuchsia et jupe noire. 
Pour ne pas fixer l'objectif, ce sont ses pieds qui attirent son attention.
Le background quasi uni laisse deviner la tête d'un arbuste dans le coin gauche.
C'est  à Carole King que tu penses à la vue  du cliché, le contenu musical n'en est pas éloigné non plus.
 
' Remember less' , ce n'est probablement pas un début d'  Alzheimer, mais l'image d'un être autrefois aimé qui s'estompe.
L'habillage sonore mixe habilement soft rock, soul jazz  et chant soyeux.
L'arôme délicat du miel se lézarde légèrement  après 2'30, quand le guitariste place un solo aussi habile que radieux, la voix monte, monte, du coup tu scrutes les cieux et tu parviens à voir le pinson qui pépie dans une des plus hautes branches du mimosa déjà en fleur.
C'est beau, te murmure madame qui venait de te proposer un café, on dirait du Boz Scaggs au féminin.
T'as réagi: c'est McCartney.
T'es con, a- t-elle répondu!
Les mêmes ambiances feutrées émaillent la ballade aérienne ' Just Air'. 
Il y a du Minnie Riperton, voire du Sade Adu, dans les modulations prises par  le frémissement  délivré par la douce jeune personne.
Un piano moiré, un jeu de  guitare décontracté, et une rythmique tout en retenue modèlent un climat vaporeux,  propice à toutes les rêveries romantiques.
Ce morceau se montre  volatile comme l'air que tu peux  respirer dans les coins les moins pollués de la planète.
La valse 'Undone', tout en langueur, traite des hésitations accompagnant une rupture fraîche.
Une orchestration ample et un choeur sombre  confèrent  un caractère dramatique à la plage  la plus mélancolique  de l'EP.
Rebecca a une amie, Avery, une demoiselle qui en amour n'est pas souvent tombée sur l'âme soeur , elle a été larguée plus d'une fois,la ballade 'For Avery, in June' a été composé pour elle .
... Too many men
Too many to count but still none to count on...
Triste constat!
 Mon bébé, viens, repose-toi sur mon épaule,  prends ce kleenex et écoute la guitare, le piano et la basse aux teintes pastels, qui doivent agir comme un baume pour soigner tes peines de coeur.
' Behind close doors' :  de toute évidence Rebecca a des petits amis  pas très clairs, celui-ci, par exemple.... You only love me when the doors are closed...You only take me out far from your house
Where there's no one around that you know...
T'es pas conseillé conjugal, tu ne lui diras pas "laisse tomber", mais c'est ce que tu penses!
Comme elle est légèrement agacée, la plage, qui démarre en douceur, avec de jolies voix féminines en backing, finit par prendre un virage plus remuant quand une guitare grinçante entre en action.
Oh, ce n'est qu'un feu de paille, très vite on retrouve  les ambiances éthérées qui caractérisent les autres compositions de ce premier EP d'une excellente facture.
 
Moins pop que Katie Melua ou Dido mais aussi talentueuse que Rumer  ou Anna Ternheim, Rebecca McCartney est, sans conteste, à l'aube d'une brillante carrière.
 
 
 
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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 15:40
Album - Blues Attack ‘Bringing Down The House’

Album - Blues Attack ‘Bringing Down The House’

independent release 

NoPo

 Blues Attack! Bringing down the house

A l'origine, sans le point d'exclamation, il s'agit d'un album de Sonny Landreth sorti en 81.
On se souvient du délirant Mars Attack! Blues Attack! Suivrait-il la même direction?
Pas tout à fait, la Turquie se situe encore sur terre...

Istanbul, leur fief, Sezen Köroğlu, Tarkan Mumkule et Batur Yurtsever, musiciens de session, y jouent depuis 25 ans accompagnant les meilleurs du cru. Güray Oskay et Hasan Ali Polat, des piqués de blues, les rejoignent dans la soucoupe volante en 2017.
Un peu martien, le groupe fait ses débuts internationaux au North City Jazz & Blues Festival à Mitrovica, au Kosovo en 2019 (une autre planète pour moi le ptit breton).

Et une pochette kitsch une!
Dans une pièce à la tapisserie bleue désuète, une jolie jeune femme look pincé, en robe légère tout aussi vintage, installée dans un divan de cuir marron, se retourne, à peine effarouchée par un boulet noir qui défonce le mur de briques derrière elle.
Miley Cyrus ne trône pas sur la 'Wrecking ball'. C'est signé 'Blues Attack!' et l'intérieur n'a rien à voir avec le design.

Ah les boulets! Ils sont au nombre de dix, rouges et tournent à 4 minutes. Je n'ai pas le nombre de tours mais ça doit monter vu la chaleur dégagée!
1.Once and for All 04:04
2.In for the Kill 04:04
3.I Need Time 03:47
4.Long Gone 05:05
5.Bringing Down the House 03:53
6.Down a Winding Road 04:05
7.Little Isle 04:31
8.Country Joan 04:22
9.Reaper on Wheels 04:08
10.Trucker's Blues 04:14

Les instrumentistes? Au total avec les invités, ça fait une équipe de foot et eux, ce ne sont pas des boulets!
Güray Oskay vocals, guitars, harmonica
Tarkan Mumkule guitars
Sezen Köroğlu keys
Batur Yurtsever bass
Hasan Ali Polat Drums

​Guest musicians
​Serkan Emre Çiftçi trumpet
Özgür Şengül saxophone
Göksenin Tuncalı backing vocals
Bengisu Önal backing vocals
Pelin Özülkü backing vocals
Burak Ocakçı harmonica on Trucker's blue

Pour les influences, on pense à Snowy White, Robin Trower (celui des années 2000), musicalement, mais aussi pour la voix douce et fluide de Güray Oskay.
On pourrait aller, sans trop déconner, jusqu'à Joe Bonamassa, Bernard Allison,  Robert Cray ...

Vérifions tout ça!

Nous sommes accueillis par une guitare wah wah déchainée. 'Once and for All' choisit ensuite une direction soul chaude avec une basse discrète et une frappe sautillante.
Güray chante, plein de chaleur et de conviction, au sujet d'une déception. Les cuivres et choeurs tournent à plein régime et font, merveilleusement, monter une mayonnaise onctueuse.
Tarkan triture sa guitare avec beaucoup de finesse et son solo, escorté à l'orgue par Sezen, reste un régal.

Next track please! Un son clair frappe d'entrée, laissant entrer une grande bouffée d'oxygène, où le blues s'exprime librement. Un roulement de tambour annonce le riff tueur qui ouvre les voix du bonheur.
A un wah vintage répond un wah excité comme un chien. La gratte, loquace, frétille, l'orgue, plus discret, bouillonne, les cuivres lustrés se réservent pour le refrain.
On connait un Tarkan fredonnant 'Kiss kiss', Mumkule lui, obsédé, embrasse, malaxe et triture sa guitare.
'In for the kill' qui parle d'une femme à charmes, séduit et nous achève au solo de trompette bouchée.

Quel groove! Les complices Batur et Hasan à la basse et batterie nous enterrent, comme avec une masse, profond dans le sol, et nous écrasent sans pouvoir respirer, la sueur coule.
Même enterrés, on bouge encore le pied (c'est le pied?)! Cordes et touches sentent juste un effleurement langoureux.
Les cuivres, au son noir, rutilent, friment, balancent.  Un solo de sax chaud sonne (courtesy by Özgür Şengül).
'I need time' '... to get you out of my mind', la vérité si je mens, ce funk moite s'enfonce direct dans le crâne sans besoin de vaseline et il faut du temps pour s'en sortir.

'Long gone' agit tel un classic funk blues voluptueux. Il donne une furieuse envie de sauter sur les rebonds de la baguette et la basse charnue. La voix se rapproche de celle d'Andy Powell (Wishbone Ash).
Les cuivres graciles soufflent la braise sur laquelle la 6 cordes n'hésite pas à se frotter. Sans bavardage, elle possède une réplique foudroyante. La classe!

La gratte, très funky, tricote une maille à l'envers une maille à l'endroit. La batterie distribue les tchic tchac et ponctue par des claquements secs, la basse dodue se dandine.
Les cuivres, percutants, éructent et soulignent le solo humide du clavier que les choeurs féminins texturent. Polyphoniques, ils ont un caractère indépendant et bien trempé.
Chez les Talking Heads, on entend 'Burning down the house', ici 'Bringing Down the House', peu importe, le résultat est le même, ça déménage grave en syncope.

'Down a Winding Road' plutôt que 'Long and winding road', un leitmotiv qui va revenir plus loin. L'atmosphère sent l'exotisme paresseux.
La baguette reste sur ses rebonds mais le reste de l'instrumentation s'allonge tranquillement au soleil. La guitare prend son courage à plusieurs cordes et se fend d'un solo débridé.
Au final, les choeurs dégoulinent, il fait trop chaud!

'Little isle' se prélasse carrément sous un soleil au plus haut. La basse, imposante, borde la composition diaphane.
Les cuivres partis à la plage, l'orgue et une guitare hawaïenne essaient de donner un peu de profondeur.

'Country Joan' (of Arc ou of Arkansas?) commence par un coup de fil, ça sent vraiment les vacances. Le morceau passe d'un groove décontracté à un rockabilly relâché et retour.
La guitare se fait un ptit come back 50's dans un rock country sans prise de tête.

Changement de cap! La slide vicieuse empêche le camionneur de s'endormir au volant. Tarkan conduit sur la longue et sinueuse route du 'Trucker's Blues et creuse son sillon.
On ressent la fatigue dans le souffle de l'harmonica interrompu par des mèches allumées à la six cordes, toute en vibrations.
Toujours sur la ligne blanche,'I keep on drivin'... un travail de pros, viril et qui va se poursuivre juste après.

Weekend! Le routier change son bahut contre une bécane. 'Reaper On Wheels' répond à Easy Rider.
La distorsion du riff incite au mouvement déhanché. Dans un bruit de moteur, on voit la piste serpenter.
Un blues-rock qui dégage un bonheur sauvage!

Ce voyage varie les paysages, un blues chaud et classieux sur les 5 premières plages, puis un prélassement exotique sur les 3 suivantes pour finir avec 2 blues-rock farouches.
L'attaque du blues demeure maitrisée, très agréable, et même addictive par instants. Les boules! Inutile de détruire la maison! Les fondations très solides peuvent accueillir une suite confortable.
 

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