Album- The Artisanals – Zia
NoPo
THE ARTISANALS Zia 2021
Rocksnob label
Charleston, origine de la danse américaine noire du même nom, aime aussi le rock.
Après un album solo en 2012 et son départ du folkband Susto en 2016, Johnny Delaware (qui ne vient pas de l'Etat du même nom mais du Dakota du Sud) y monte sa petite entreprise artisanale avec Clay Houle.
Une fois présenté 'The Artisanals' en 2018 (dont la pochette rappelle 'LA woman' des Doors), voici 'Zia', la lumière (en arabe) au bout du tunnel pandémique?
Les acteurs
Johnny Delaware chant, guitare
Clay Houle guitare
Eric Mixon basse
Ian Klin claviers
Nick Recio batterie
Sur le recto de la couverture, on découvre une photo du désert, probablement dans la région d'Albuquerque que le leader a parcourue tombant amoureux de l'endroit : "Le désert, les paysages ouverts changent la façon dont vous écrivez".
Americana correspond parfaitement au style déployé sur ce disque couvrant folk, rock et country avec l'influence de glorieux ainés (y'en a qui disent Heartland rock, oui, le coeur y est).
4 titres sortent en single : "Violet Light", "Plant the Seed", "Way Up" et plus récemment, "The Road".
'Fear to fail' demeure humain et naturel; le texte incite à surmonter cette appréhension.
Les arpèges et le bruit des doigts serrés sur les frettes, autant que sur le coeur, guide cette chanson folk d'une grande sensibilité.
On entend 2 guitares délicates ainsi qu'une basse discrète puis plus loin un clavier, pas plus imposant ni bavard. Un solo, en slide, accentue encore le côté mélancolique de la composition.
Une introduction en introspection qui ressemble à un départ pour un voyage en solitaire (mais nul ne l'oblige à se taire).
'Heading somewhere' donne la chair de poule avec ses harmoniques et sa mélodie d'une grande séduction, démarrée aux claviers et guitare. Tom Petty aurait apprécié.
On a envie de chanter et de se trémousser au rythme de la pulsion entraînante de la batterie.
Johnny donne de la voix, pleine de vie, parfois accompagnée de choeurs évanescents. A 3'10 on passe en acoustique, un instant, avant l'envol.
Le pont suspend le temps en laissant planer un riff prenant, fouetté par caisse claire et charley seules en 1ère ligne, puis, derrière, des coups de semonce sur les toms avant l'arrivée de choeurs aériens du plus bel effet.
Le chant, montant dans des ouhouhouh, nous achève en même temps que le morceau.
Wow! Comment résister? Pourquoi résister?
Guitare acoustique et frappe droite, sèche et métronomique (à la Max Weinberg) engagent 'Always taken care of' dans une direction springsteenienne.
Une autre guitare ainsi qu'une pédale steel, tellement américaine, viennent enrichir chaleureusement l'orchestration.
Le solo de guitare s'effectue en 2 temps, une partie électrique vrombissante et tranchante puis la steel recouvre la guitare sèche. Un délice...
Honneur à la basse pour l'entame de 'Way Up' qui laisse ensuite la part belle au picking sur un rythme d'abord plutôt tambouriné avant d'être plus franchement cogné.
Les vocaux semblent ensuite transportés par le vent des grandes plaines, la guitare électrique suivant le même souffle. Des violons contribuent, plus loin, à l'ambiance limpide.
Inspiré du livre " Women Who Run With Wolves ", le titre, enjoué, exprime l'idée principale répétée à plusieurs reprises 'Going up never going down'
Le chant exprime un appel irrésistible, quasi euphorique.
Une guitare doucement grattée développe un son aéré porté par un clavier sur 'Driftwood'.
La voix prend des intonations à la Bono et l'atmosphère respire bon le Joshua Tree (l'album et l'arbre).
Après une intro calme, le chant, d'abord profond, devient passionné et le jeu des musiciens, ardent. Le morceau possède beaucoup de force.
Alors que le feu s'éteint après 5 minutes, la relance d'un riff saignant, poussé ensuite par la frappe puissante, projette le final instrumental dans une effervescence remarquable.
'Plantseed' pousse dans une sérénité contagieuse. Les voix perchées, rejointes par des choeurs féminins, semblent baigner dans un bonheur tout aussi élevé. Quelle fraîcheur!
Un banjo et des cuivres viennent jouer les mariachis. Les sons de guitare se diversifient et se multiplient, acoustique, électrique, funky, country, rythmique, cordes caressées, brossées, grattées, pincées... tout y passe.
Seule la rythmique basse batterie garde un cap inflexible, avec un piano... qui s'égrène. A écouter tous les matins au réveil!
'The road', country et plus dépouillé, soulève la poussière de l'austérité du désert mais diffuse, en même temps, un sentiment de liberté.
La guitare sèche comme la gorge; la route est longue et difficile. Par instants, l'énergie électrique repart à la gratte et au piano.
Le rythme avance cahincaha pareil au déhanchement d'une démarche fatiguée.
'Violet light'(un peu byrdsien) traverse l'obscurité comme un faisceau d'étoiles. Le rythme rectiligne laisse toute latitude aux guitares finement ciselées, un régal!
Un son de flûte pigmente la couche de nuages synthétique. Johnny chante avec son coeur, on entend ses battements mélodieux.
'She's Looking For An Answer' glisse sur un tapis d'émotions.
On perçoit le chant douloureux dans un écho. Une femme a fait une overdose, un proche demande à la ramener chez elle plutôt qu'à l'hôpital.
La lapsteel accentue la tristesse du titre qui monte pourtant, doucement en allégresse, comme une âme vers le ciel.
Pas de révolution dans l'artisanat où le savoir-faire (copyright Willy DeVille) reste primordial.
La voix, riche en sensations, apporte beaucoup d'énergie à l'orchestration brillante et dirigée par l'alchimie des guitares.
"Zia" apparait comme une signature d'un "Z" qui veut dire ... zen.
A ranger avec les meilleurs albums de Tom Petty, Bruce Springsteen, John Mellencamp et Neil Young.
Tracklisting
1 Fear To Fail
2 Heading Somewhere
3 Always Taken Care Of
4 Way Up
5 Driftwood
6 Plant The Seed
7 The Road
8 Violet Light
9 She's Looking For An Answer
Produced, Engineered, and Mixed by Drew Vandenberg
Recorded at Chase Park Transduction” Athens, GA
*Plant The Seed Produced and Mixed Wolfgang Zimmerman
Mastered by Joe Lambert
All songs written by Johnny Delaware and Clay Houle (BMI)
DEROSNEC - EP - 3 Lives
( michel)
not on label
Derosnec, non, il ne s'agit pas d'un cycliste tchèque ou d'un nouveau traitement pour soulager les hémorroïdes, il s'agit du nom de scène choisi par Nina Helene Hirten, une artiste multimedia ayant grandi à San Francisco.
Maman chantait, Papa composait et jouait de l'orgue liturgique, tout naturellement l'enfant opte pour une carrière artistique, elle touche à tout, dessine, écrit, prend des cours de chant et se lance dans le cinéma comme filmmaker.
Elle a enregistré quelques albums sous son nom: Jupiter's Hollow, Bullheaded, Panoptic et le tout récent EP ' 3 Lives', elle en a vécu plus que trois, semble-t-il...
Elle a aussi sorti un single pour sa fille, 'Daughter' et on la retrouve créditée sur plusieurs albums, dont 'Jupiter's Hollow,' de I am Mandrake, sur quelques albums, dont 'Reviens à moi, sang de mon sang', de Everson Poe.
Bref, Madame n'est pas du genre à glandouiller.
3 Lives - Tracks
Gallows Pole à La Ferme de l'Ermite. Taisnières-sur-Hon ( France) - le 9 octobre 2021
Mitch ZoSo Duterck
Nneema – EP - Ear Of Clay
Starman Records
NoPo
Nneema, 2 'n' et 2 'e', met les pieds dans le plat musical en marchant sur des oeufs.
Dans leur plat pays d'origine, certains (pas complètement!) font référence à Blue Blot.
Personnellement, des souvenirs de Judy Tzuke, dans les années 80, me reviennent et plus récemment, Storm Gordon.
La fée Nneema (un phénomène) exploite un philtre assez proche, constitué d'une base de jazz bluesy (sans tâche 'Blue Blot'), mélangée à des zestes de soul tripHoptés.
Une fois glissé dans un breuvage, l'effet mérité, à l'inverse, nous met durablement dans un état serein.
'Ear of clay' présente une image blanche et diaphane, mettant en avant l'argile, à travers la fragilité d'un conduit auditif, sculpté dans une masse vierge aux courbes de voile plissée (oeuvre du guitariste Jan-Sebastiaan Degeyter semble-t-il).
Un message subliminal? J'opte pour écouter, sans a priori, ces échantillons musicaux harmonieux et contrastés.
Le groupe :
Emilie Leysen voix
Niels Verheest claviers
Jan-Sebastiaan Degeyter guitare
Matthias Debusschere basse
Frederik Van den Berghe batterie
'A Visit (to aunt Trudy)' invite un orgue Hammond, un Wurlitzer (Niels Verheest), une pédale steel (Filip Wauters) superbes! Est-ce pour mieux parcourir la country mon enfant?
Non, non, juste Tata Trudy aime ça! La chanson sonne quasi laid back et l'orchestration glisse, lisse dans une grande finesse; je suis sensible, en particulier, à cette basse ondulante de Matthias Debusschere incitant au déhanchement.
On pourrait remplacer l'oscillation de la batterie par des claquements de doigts (les coups légers sur le cercle y font penser).
Au milieu d'une ambiance désuète, le clip présente Emilie (jolie évidemment), rigide, dans une belle robe blanche (sortie de la malle à costumes de 'La petite maison dans la prairie').
La voix s'élève, à la fois forte, chaude et douce, semblable à un velours épais. Elle s'adresse à Trudy, en se voilant la face 'Sure aunt Trudy everything is fine', mais ce n'est pas vraiment le cas, 'Is that a tear rolling down my eye'.
Après un break instrumental raffiné à la soul pleureur, c'est décidé 'No coffee, it is time for wine I just can't stop crying'...
Emilie en a sa dose (de café et de larmes), passe à autre chose, enfile du rose, débouche une bonne bouteille de rouge pour finir avec des invités, plus enclins à faire monter la couleur aux joues.
Ca commence à l'orgue avec une batterie ample; la basse se fond dans la masse mais plus tard.
'My man made a plan not to wake up no more'. Inquiète, la chanteuse déclame sa flamme dans un débit assez rapide sur un tempo ad hoc.
A mi morceau, basse et guitare semblent se parler sous les murmures d'Emilie... ah Doc, aidez moi, mon homme ne va pas bien ...
Au final, la voix reprend alors le refrain dans un groove soutenu par une 2è vague de chant décalé puis unifié, faisant naître une étrange émotion.
'Odysseus, My True Love' abandonne une voix alanguie sur un orgue soyeux comme du sable fin et triste comme la messe.
Un effleurement de cordes de guitare vient s'insérer, alors qu'un clac marque le temps, puis un saxophone classieux et enfin les balais brossent.
Le sax de l'invité Nathan Daems (Black Flower, Trance Plantations) et l'orgue de Niels Verheest respirent ensemble. La guitare de Jan-Sebastiaan Degeyter tintinnabule et la voix revient émouvante.
Une belle chanson d'amour 'But how could you forget my house number it's still 24' sur les traces de Diana Krall.
'N.E.N.O Sacco' est une banque kenyane. Le titre fait la part belle au rythme sautillant, avec cymbales et charley éclatantes, contrôlé par Frederik Van den Berghe.
Kobe Proesmans aux percussions et le harpiste Steven De Bruyn participent à cette orchestration riche.
La basse marque les coups forts. Le chant guilleret et la guitare, par quelques arabesques, évoquent des images d'Afrique.
Un orgue psychédélique se déploie sur un pont à mi-morceau mais c'est un funk frais qui prévaut.
Les 2 derniers titres sont les plus longs et les plus tristes.
Un rythme sombre et rectiligne introduit 'My falling leaves'. Le piano, en mode mineur, ne s'engage pas plus vers la lumière et la steel guitare, plaintive, pleure au loin.
La basse ronde s'économise avec peu d'écart. C'est ici qu'on perçoit le mieux l'humeur trip-hop à la Portishead.
Le ton bouleverse au moment de prononcer 'Give me something to believe in I need to believe in something' fiévreux qui revient plusieurs fois, la dernière, après un passage instrumental, lancé d'une voix fragile comme une prière.
Les bras m'en tombent, mais chez Emilie ce sont les feuilles...
'Bad Girl's...' se lamente d'abord a capella, une voix impressionnante de maitrise.
Emilie relate, ici, une destinée tragique.
Après cette entame, le Kanoun (sorte de cithare) de Osama Abdulrasol se fait entendre, impossible de le manquer! Le ney (sorte de flûte) joué par Nathan Daems, lui, se fait sentir.
La mélodie, exotique, tourne en boucle dans une atmosphère désespérée de world music.
A mi-temps, la voix s'envole, puissante et bouleversante avant de revenir lente et pesante, en bouclage sur les paroles introductives 'When I was a younger I used to seek pleasure When I was a younger I used to drink air...'
L'écoute de cet EP mélancolique dessine un arc-en-ciel sonore cotonneux.
Les teintes multiples accaparent notre attention et attisent notre curiosité.
Malgré des histoires faussement légères à nuances de gris et d'autres bien noires, on s'y sent au chaud.
Puissance et douceur font bon ménage au milieu de mélodies envoûtantes et de textes poignants.
Nneema? Comme le dit mon ptit fils, moi, naima beaucoup!!
1.A Visit
2.Man With A Plan
3.Odysseus, My True Love
4.N.E.N.O Sacco
5.My Falling Leaves
6.Bad Girl's Lament
EP 'Fake Names' - FAKE NAMES
Epitaph
( michel)
Fake Names, où comment naît un supergroupe!
2020, Brian Baker ( Bad Religion, Minor Threat, Dag Nasty, Beach Rats...) sort de sa boulangerie et tombe sur Michael Hampton ( S.O.A., Embrace, One Last Wish, The Snakes...) , t'as rien à faire, mec?
Et si on composait quelques trucs?
Contents de leur après-midi, ils décident de former un nouveau groupe et enrôlent Johnny Temple (Girls Against Boys, Soulside, New Wet Kojak...) , qui venait de quitter la maison de Dieu, et, après un coup de fil en Suède, ils parviennent à convaincre Dennis Lyxzén ( Refused, The International Noise Conspiracy, Invasionen , Step Forward...) à rejoindre leur nouvelle formation: Fake Names.
Sur la lancée, ils sortent l'album 'Fake Names'.
2021, les garçons remettent le couvert mais se contentent d'un EP, ils n'ont pas tellement d'imagination et l'intitulent 'Fake Names'.
Coup d'oeil à l'artwork: un sale gamin a projeté une pierre dans la fenêtre, elle s'est fendue, l'installateur de vitre a prévenu, plus de stock, la Chine, vous savez, faudra patienter... dans l'obscurité tu peux voir l'ombre d'un mec pas ravi, ni shankar, le nom du groupe en rouge et blanc ( c'est raté, Jeanne) se lit au bas du carreau brisé.
Trois titres:
01. It Will Take A Lifetime
02. Running
03. Cuts You Down
Le line-up:
Michael Hampton (guitar/vocals)
Johnny Temple (bass)
Dennis Lyxzén (vocals)
Brian Baker (guitar/vocals)
Un invité: Brendan Canty (Rites of Spring, Fugazi). aux drums!
Les fans de catchy punk rock vont adorer la plage inaugurale ' It Will Take A Lifetime' .
Tempo accéléré, guitares limpides, drumming souple, mélodie infectieuse et puisqu'on a en tête la fenêtre fracassée on te conseille 'Break the Glass' des Suicide Machines, du ska punk véloce.
La simplicité, il n'y a que ça de vrai!
En nommant un des morceaux 'Running', tu sais que tu n'entendras pas une chanson pour dépressif ou hypocondriaque soufrant de chiasse.
C'est au pas de course que les copains balancent cet hymne accrocheur en diable: efficacité, sincérité, fluidité, restent les maîtres mots pour qualifier ce pop punk nous rappelant les rengaines mémorables de Bad Religion.
La dernière salve ' Cuts You Down' se montre plus impétueuse, ne t'étonne pas si ton pied droit décide de battre la mesure en frappant le plancher du talon et quand madame te demande si tout va bien, tu lui adresseras un beau sourire.
Fake Names n'a aucunement l'intention de révolutionner le genre, le punk proposé par ces légendes se laisse en tout cas écouter avec plaisir et tu es certain qu'ils se sont amusés comme des gosses en enregistrant cet EP.
Album - Lost - Dead Atlantic
Zombie Shark Records
NoPo
DEAD ATLANTIC Lost 2021
Après un debut album indépendant 'I am the wolf', bien mordant, sorti en 2017, les métalleux de Baltimore savent où ils vont. Ils publient un 'Lost' bien déboulonné mais pas déboussolé.
Ils sont 5 au-delà de l'Atlantique, motivés comme jamais à nous déboucher les esgourdes :
Alex Lupin - vocals
Sean Atlantic (Underwood) - guitar / vocals / keys
Mike Stearns - guitar
Greg Cook - bass
Parker Yowell - drums
Vous voulez du death? Y'en a! Vous voulez du Nu-metal? Y'en a! Vous voulez du trash? Y'en a! Vous voulez du metalcore? Y'en a!
Vous avez peur du gloubi boulga? Non, non, miam miam! Melodic Thrashcore qu'ils appellent ça!
Séparés, alternés, mélangés, dosés, les ingrédients, croquants sous la dent, donnent un goût fortement épicé et la recette reste digestive.
L'album s'avale en équilibrant les titres de 3 et 4 minutes, 2 d'entre eux se permettent de flirter avec les 5 minutes.
La pochette diffuse une atmosphère très cinématographique.
Une ville sombre, humide et pas très accueillante, miroite sur des pavés.
Sous un éclairage blafard, l'ombre d'un enfant à casquette et sac à dos, attire l'attention.
Sa bicyclette appuyée contre un lampadaire, pas de gps, il semble consulter son plan papier. Le mot 'Lost' accroche ses jambes.
Le nom du groupe, légèrement penché, s'agrippe à un logo en pyramide inversée.
Qui dans le rôle de la 'Victim'? La guitare, presque japonisante, flamboie d'entrée. La double-pédale frappe telle une mitraillette.
Alex (le méchant?) hurle sous les riffs tranchants en dérapages contrôlés, , même pas mal!
Des voix plus posées lui répondent (les gentilles victimes?). A la fin, c'est le méchant qui gagne!
Rien ne s'arrange avec un 'Shock Trauma' juste derrière. Le riff file à la vitesse de la lumière.
Les growls sont pas drôles, des choeurs essaient de les alléger... peine perdue, Alex ne lâche rien!
Les guitares passent par tous les états, lourdes, acérées, brutales, solides, à l'unisson ou en solo...
'Isolator' agit comme 'Terminator' 'Predator' 'Exterminator', une déflagration.
La composition déboule au rouleau compresseur.
Dans des couloirs, des voix perdues, en folie essaient de s'enfuir en canons multi directionnels.
Alex, l'écorché, ne connait qu'une direction : tout droit! Son chant s'éteint dans un souffle...
'Lost in the deadlight' change l'ambiance proche du graphique de la couverture.
Un riff aérien et accrocheur entre dans un champ réverbéré avant d'être encouragé par la grosse caisse.
Les voix électrafiquées annoncent alors le titre. Guitares, basse, batterie consolident une colonne vertébrale inébranlable, que le riff peut secouer à coeur joie.
Cette fois, le chant death se marrie au chant clair produisant un effet idéal pour un single.
Le morceau joue avec un son lumineux couplé à des textes sombres dans la tradition métal 'Live Hard Live fast Die young'.
'Lessons in betrayal' déroule dans la même verve sous des wohooo éclairés.
La voix death assure des couplets musclés pendant que des choeurs mélodieux enchaînent sur un rythme à rebonds explosifs.
De la guitare lead éblouissante, giclent des riffs en éruption qui font saliver les oreilles.
Un riff accablant dans une cadence lointaine ouvre 'Shapeshifter'.
Un passage central alterne cymbales fouettées autant que cordes développant un tempo profondément pesant augmenté par le chant guttural.
La batterie ne s'en contente pas et accélère à la double-pédale.
Les voix claires se font entendre, par instants, plus présentes entre le solo de guitare et le final en sentence.
Un espèce de cri délirant incite la voix écorchée à prendre le contrôle.
Dans 'A Life Re-Animated' presque à rallonges, on retrouve cette alternance avec des choeurs synthétiques, cette fois léchés par des claviers mélodieux.
Les riffs sonnent toujours aussi lyriques voire maideniens et très attractifs, tout autant à travers le solo.
'And The Path Will Lead Home' offre un passage, en clair obscur, presque sabbathien, pour introduire 'Burial Atlas'.
Quelques touches scintillantes au clavier parsèment le trajet de-ci de-là mais les guitares agressives restent reines.
Ici, aucune voix claire n'a droit au chapitre, la dureté d'Alex prédomine la piste chaotique.
3 minutes suffisent à 'Falling into the grave', bienvenue! A l'inverse, cette fois, claviers riches et voix aériennes entrent dans le champ auditif et pourtant 2 guitares vigoureuses s'entredéchirent.
Rapide, le morceau, à influence metalcore, saisit la moelle épinière et ne la lâche plus jusqu'au bout, d'autant qu'un clip gore (réalisé par Jared Bell) s'amuse à serrer les tripes (et pas que) un peu plus fort!
'The Fog That Surrounds Me' continue dans la même veine, une chance? Au milieu du brouillard, les guitares lèvent les harmoniques comme des baïonnettes.
Accompagné de Andrew Meisenheimer (THE ARCHAIC EPIDEMIC), à la gratte (une de plus), Alex crache son venin ou vomit son 4 heures.
Sa voix invective parfois celles, décalées, des diablotins qui, ailleurs, donnent raison à l'aboyeur et le suivent.
Les guitares découpent, tranchent, hachent dans tous les quartiers.
Les claviers essaient de recoller les morceaux alors que la voix brute les dévore.
Puissant, vif, l'album ne faiblit jamais.
Dès l'entame, on connaît la direction et 'Lost' ne se perd pas, en gardant le cap jusqu'à la dernière note.
Tracklisting:
01-Victim
02-Shock Trauma
03-Isolator
04-Lost In The Deadlights
05-Lessons In Betrayal
06-Shapeshifter
07-A Life Re-Animated
08-And The Path Will Lead Home
09-Burial Atlas
10-Falling Into The Grave
11-The Fog That Surrounds Me (Featuring – Andrew Meisenheimer)
produit par Sean Underwood et Parker Yowell chez Fatemaker Recording Co. & Parkolepsy Productions
Guadal Tejaz lors de l'événement Bouzille de Fous à l'Estran, Binic, le 9 octobre 2021
michel
Bouzille de Fous, pendant trois jours à l'Estran à Binic: tatouages et live music...
La Nef D Fous et Dakota Tatouage ont décidé de collaborer pour ce nouveau projet qui, à première vue, a récolté l'assentiment du bon peuple breton.
En ce samedi d'été indien ( merci Joe), il y avait du monde dans la belle salle proche du charmant port de plaisance binicais.
Tu laisses les convertis aux mains expertes des artistes graveurs pour te concentrer sur le volet musical de l'entreprise, ce soir Guadal Tejaz a pour mission de faire remuer les adeptes de l'aiguille et les égarés!
Non, Guadal Tejaz, n'a aucun lien avec le Mexique, ces gamins ne bouffent pas de burritos ou d'enchiladas en ingurgitant des litres de tejuinos ou d'El Chapo à longueur de semaine, ils sont originaires de Rennes et aiment visiter le Goëlo, récemment Ludovic Lorrre les avait encore programmés lors du festival La Cathédrale.
Ils sont quatre: Morgan, chanteur et guitariste filiforme, légèrement spasmodique/ Corentin: guitare ou basse/ Hugo: batterie et synthétiseur analogique et enfin, Théo, basse, guitare, parfois, et synthé.
Discographie: deux EP's et un album ( Cóatlipoca), Crème Brûlée annonce un second full CD pour bientôt, "Noche Triste".
Ils ne viennent peut-être pas de Guadalajara, mais l'histoire du pays colonisé par les conquistadors les obsède.
Ainsi, le titre du futur album fait allusion à la conquête de l'Empire aztèque par les sbires de Hernán Cortés.
Sur leur setlist, le premier titre joué ce soir est d'ailleurs intitulé 'Hernán Cortés', maintenant tu sais qu'il ne faut pas toujours se fier aux playlists, pas mal de groupes sont fervents de private jokes!
Donc on va à la rencontre du Conquistador et ça déménage pas mal , on a dit déménage et pas balance, Michel, un mix de garage cintré et de post punk hargneux , les mousquetaires bretons déclarent avoir entamé leur aventure musicale sous l'influence de The Brian Jonestown Massacre, il y a pire comme modèle!
La basse passe entre les mains de Corentin, Théo prend place derrière le petit synthé, Morgan, transformé en robot, se fend d'un pas de danse, pas souple, avant de déclamer nerveusement, à la manière de Jon King ( Gang of Four), les lyrics de 'Valley of Hate' de Just Luv.
Rythmique martiale, effets tordus au synthé, toute l'imagerie post punk/krautrock/noise pop, réapparaît soudain.
Morgan a récupéré son jouet, le groupe attaque, violemment, le morceau 'Mercedeath' , tellement brutalement que le leader pète une corde de sa gratte, il poursuivra le set avec five strings, sans se calmer!
L'âpreté du propos rappelle les grands moments du groupe Shriekback, souvent oublié lorsqu'on cite les parangons du post punk.
Les plaisantins ont écrit ' Krautoxic' sur la feuille traînant aux pieds de Théo, toxique ce morceau l'est assurément et nous envoie des flashes de Devo massacrant les Stones!
Tout simplement insensé et obsédant!
Hugo abandonne les sticks pour passer derrière un synthé dont il tire des bruitages indus, style Fad Gadget ( aah ' Collapsing new people') , pour entamer le mystique 'Yolteotl' ( coeur de Dieu, paraît-il), Morgan semble toujours possédé par les fantômes de divinités aztèques, est-ce un trop plein de mezcal ou un usage abusif de goma de opio, who knows?
Trucage sonore, décollage d'hélico, pour entamer ' Yollotl' , décidément ils ont une suite mexicaine dans les idées, .... Yóllotl significa corazón... .
Morgan hante toujours le phrasé scandé, ... what do you see when you look at yourself in the mirror... t'as pas réagi, tu ne te contemples plus plus dans un miroir depuis des lustres, ton faciès te fait peur!
Ce mix Talking Heads, Wire, Pere Ubu désarçonne et fascine à la fois.
Nouvel échange d'instruments pour entamer une plage épileptique ( baptisée " Melanesotypus" sur le bristol) , ces garçons travaillent dans l'urgence , ils n'ont pas l'intention de céder aux tentations proposées par les sirènes commerciales.
Le funk blanc de 'Carajo' évoque James White & The Contortions, son final théâtral en plusieurs épisodes surprend.
La suite sera tout aussi hallucinante et tendue, les titres inscrits sur le papier sonnent 'Yolia' et 'Nightdrinker' mais le groupe a balancé trois morceaux avant de mettre fin à un set ravagé, apocalyptique et sale.
Le second est décoré d'une slide vicieuse, le jeu de basse du dernier ne devant rien à celui de J J Burnel tandis que Morgan avoue sentir quelque chose lui brûler l'épine dorsale.
Ce concert compact et intense aurait pu nous laisser K O , mais pas un seul moineau ne songe à quitter la salle, le public bat des mains, insiste et aura son bis, à l'intro rappelant furieusement le ' Paranoïd' de Black Sabbath.
La messe est dite, direction le bar!
Florian Hexagen y était
T'en penses quoi,Yvo?
Misschien wel hét, maar zeker één van de concerten van het jaar: Squid Le Botanique Brussel.
Dank u!
Broken Waltz + Crocodile Boogie à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 8 octobre 2021.
(michel)
Après la Session Live de Radio Activ' la veille, Bonjour Minuit revient à sa plage horaire habituelle, les concerts de Broken Waltz + Crocodile Boogie débuteront à 21h, dans un club bien garni, avec un public heureux de pouvoir consommer sans modération au bar!
La soirée débute par un DJ set, pas idiot, d'un petit gars du coin se faisant appeler Dandy Rock.
Il puise dans le catalogue garage, psychedelic rock, punk, et ressort quelques must tels le 'Personal Jesus' version Cash, du Ian Dury ou Richard Hell & The Voidoids, bref, pas de la soupe indigeste.
21h et des poussières, trois sauriens mâles et deux femelles souples, tous sortis d'un zoo rennais, se ramènent: Crocodile Boogie!
Crocodile Boogie est un des nombreux rejetons de Seb Blanchais, le boss de Beast Records, un label qui a d'ailleurs sorti leur disque 'A Family Affair'.
Quoi, des noms...
Un ou deux alors: Bokkassa, Born in Flames, Dead Horse Problem, Witcherry Wild , etc...
Sur l'album, Seb Boogie est entouré d'une flopée de musiciens venus des antipodes Jeff Hooker, Jo Brockman, notamment, mais aussi de fines lames hexagonales Gil Riot ou Jibé Polidoro, ainsi que le contrebassiste Stéphane Ferlay.
Ce soir le dandy crooner est accompagné à la guitare par Gil Riot ( vu récemment au Chaland qui Passe) et par un gars, peu garni, se faisant nommé Jibé Dem, alias Jibé Polidoro, un copain de Yann Péchin, les deux ( jolies) filles du groupe étant Pialli Sauvage ( drums) et sa soeur Stella ( basse), toutes deux oeuvrent au sein de Noble Sauvage.
Ouverture du bal avec le morceau ' Some things' très proche de ce que faisait Johnny Thunders avant de partir pour le jardin d'Eden.
Gil et son copain travaillent à la guitare sèche, Pialli n'a pas reçu de siège, elle tabasse, consciencieusement, ses caisses en station debout, Stella n'arrête pas de sourire, mais les risettes ne te sont pas adressées, son petit ami a pris place à tes côtés et ne la quitte pas des yeux.
On enchaîne sur un petit blues, annonce-t-il avant d'entamer 'Comfort of the Devil ' , une reprise des Dogs d'Amour, du blues, oui, avec quelques relents Small Faces ou New York Dolls.
'This Town' ( merci Johnny, pas celui de Laetitia, l'homme en noir) décrit une petite bourgade perdue au fin fond des States, Gil Riot hante la slide pour décorer cette plage aux avenantes senteurs country.
Gaffe, les petits gars, on passe en mode électrique, ça risque de faire mal!
Et bien, pas trop, "Sour and Vicious Man' des Compulsive Gamblers est joué en mode midtempo et décrit un mec pour lequel la sobriété n'est pas la principale qualité!
Femme, tu ne sais pas qui je suis, I'm a sour and vicious man..
C'est Pialli qui entame 'The Day Marty Robbins Died' au chant, le crooner prend le relais, un doublé de guitare à l'unisson assure un break instrumental élégant pour cette reprise d'un titre que les Beasts of Bourbon ont à leur répertoire.
Tu ignores si dans les plaines bordant la Vilaine, tu risques de rencontrer d'innombrables variétés de cactus, mais ce quintet a le don de te transporter du côté du Big Bend National Park, tu peux carrément sentir la poussière te pénétrer dans les narines.
' Corkscrew' présente de puissantes effluves Rolling Stones, les guitaristes cravachent sec avant de s'assagir sur le midtempo collant ' Filth'.
'Primates in a human zoo' un morceau de Head On ( groupe qui a accueilli Gil Riot sur certains morceaux de leur album de 2016) joue la carte voodoo rock et sent bon les Cramps.
Pour rire, Gil insère quelques mesures de 'Shakin ' all over' dans son solo racé.
La ballade ' I was wrong' nous rappelle au bon souvenir de Chris Isaak et avec ' Most of the time' on retrouve les riffs stoniens, époque 'Dead Flowers'.
Il nous reste une paire de chansons, comme il se dit au Kentucky, alors, dépoussière tes santiags et relève tes jeans, voici ' Low down' et pour faire taire la coutume qui veut qu'un concert se termine par un rock survolté, on achève le set par une ballade country ' Once Again' qui évoque des groupes tels que Giant Sand ou Calexico.
Seb se tire avant la fin du film en laissant le soin aux copains d'attendre le générique.
Ce 10 octobre, Crocodile Boogie se produit à l'Estran à Binic.
Broken Waltz ( release party).
Le 8 août sur la terrasse du Chaland qui Passe à Binic, l'énergie déployée par Broken Waltz t'avait laissé pantois.
Ce soir pour la release party de leur seconde rondelle ( … And Disasters), disponible chez Beast Records à partir du 15 octobre, ils ont encore fait plus fort, l'arbitre a compté jusqu'à neuf, en titubant tu es parvenu à te relever pour éviter le K.O., mais t'étais tout de même vachement sonné!
Le line-up:Xavier Soulabail ( basses et backings), Clément Palant ( chant, batterie, colifichets voodoo, orgue), Pierrot Rault ( saxophone) et Vincent Paulic ( trombone)
22:30, une voix off, graveleuse, annonce leur arrivée.
Xavier profite de l'obscurité pour coller quelques accords sombres sur sa basse, il rythme son jeu, Clément, implacable pour faire mentir ceux qui l'ont affublé du prénom, déboule, saisit le micro et débute un sermon sérieusement frappé, même scénario que lors du concert estival, 'Come down of the cross' ne va pas faire plaisir aux baptistes ou aux méthodistes, ce gospel blasphématoire ne lui ouvrira pas les portes du paradis.
Cette fois-ci, t'étais préparé, la voix âpre du batteur fou ne t'a plus surpris, ce n'est pas le cas de ta voisine qui a commencé à trembler, comme balayée par une bourrasque impétueuse.
Après cette intro tonitruante, l'énergumène prend place derrière son attirail, les cuivres rappliquent et le chant religieux trafiqué s'amplifie.
Make it burn, make it burn , gueule-t-il, Jeanne d'Arc n'a pas ri, mais la prédiction s'est réalisée.
Mettre le feu après un seul morceau, une performance!
We are Broken Waltz, clame le chef, avant de lancer une seconde salve tout aussi brûlante, 'Deep in the mud'.
Pas content de l'attitude du public, il nous lance quelques invectives agressives avant de poursuivre son laïus fangeux.
La basse, vrombissante, amorce 'Facedown in the Dust'.
A première vue, la setlist est calquée sur celle du mois d'août.
Le sample choisi ne plaisant pas au boss, il vient tripoter la machinerie pour relancer la plage qu'il chante ( éructe) à la manière de Ian Dury.
Le sax en mode free jazz se tape un duel sans merci avec la basse quand soudain tout prend fin de manière abrupte.
Une chanson en allemand, dit le comédien avant d'envoyer ' Christmas boiler suit' suivi par le blues punk narratif 'Parade'.
Comme des émanations Dr.John flottent dans l'air vicié.
Tu connais Rosie?
Ne dis pas oui, t'es censé dire 'No', 'Long Live the Bride' joue la carte cabaret waltz et forcément, certains y vont de Tom Waits ou de Captain Beefheart.
Un blues, ' He fell down' , puis, il s'est relevé pour chanter 'White gown' .
La sauvagerie du leader déteint sur une partie du public qui entame une danse non reprise dans le catalogue danses de salon.
Qui a une petite bière pour moi, tiens, lui dit une bonne âme en lui refilant un fond de verre!
La prochaine est dédicacée à tous les guitar heroes, ' Fuck the guitar player', un punk caustique et rageur pendant lequel les cuivres s'en donnent à coeur joie.
C'est la dernière, braves gens: 'A Dream Worth Living For', aux intonations Arno, avant qu'il ne devienne sobre, groove salement. James Brown, en visite en terre briochine, parle d'engager Pierre Rault pour sa prochaine tournée du coté des anges, le quartet achève son set nerveux, salue et remercie assistance, techniciens et organisateurs, avant de livrer un ultime boogie infernal, 'The Devil Has a Bigger Heart than Men'.
Fin d'une soirée salement rock'n'roll!