BACK TO BEFORE AND ALWAYS... 'Visions of China' par Japan, album 'Tin Drums'
Flashback
chroniques ponctuelles par NoPo
Japan, formé en 1974, vient de Londres comme sa dénomination ne l'indique pas.
On compte autant de musiciens que de lettres dans le nom du pays du soleil levant :
David Sylvian (chant), son frère Steve Jansen (batteur), Mick Karn (basse), Richard Barbieri (claviers) et Rob Dean (guitare).
S'étant rencontrés à l'école, on aurait pu penser que l'île leur tape dans l'œil en cours d'histoire ou de Géo, Japan dans le mille... ben non, zéro!
Il s'agissait d'un choix au hasard, provisoire et sans histoire et leurs 2 premiers albums de 1978, je vous le donne en mille, cartonnent... au Pakistan... mais non, vous ne suivez pas, c'est au Japon qu'ils deviennent le 2è groupe le plus populaire cette année là!
Pas de pot (de peinture), leur maquillage fait faussement croire à une affiliation glam rock, suggérée dans les premières compos à la guitare punk et la voix morveuse.
Pas très bien critiqués en Angleterre, les gars, énervés, se retournent alors vers Georgio Moroder pour leur mettre le mors aux dents et leur montrer la bonne direction, avec le morceau 'Life in Tokyo' qu'ils complètent par un retour au calme sur l'album 'Quiet life' de 1979.
Il faut être sourd (comme un pot) pour ne pas percevoir les influences de David Bowie ou Bryan Ferry (Roxy Music) surtout dans la voix de David Sylvian.
Les arrangements électroniques, la basse fretless, les percussions délicates, la guitare atmosphérique, le chant maniéré, le sax et l'ambigüité androgyne construisent un savant mélange entre la trilogie berlinoise de Bowie, la new-wave des nouveaux romantiques, et quelques effluves asiatiques.
En 1980, "Gentlemen Take Polaroids" ne fait pas cliché et confirme la tendance plutôt arty qui commence à prendre dans les charts.
Suit 'Tin drums' en 1981, leur meilleur album, particulièrement marqué par une recherche d'ambiance orientale.
3 singles marchent bien et le disque flirte avec le top ten des charts, devenant même disque d'or et considéré, à raison comme très novateur.
Le rapprochement nippon se confirme par des collaborations avec Ryūichi Sakamoto , du Yellow Magic Orchestra et David passera beaucoup de temps sur l'île.
En 1982, à cause de fâcheries répétées avec leur chanteur, c'est dead pour le groupe alors que le live 'Oil on canvas', de 1983, reste une vraie réussite commerciale.
Pendant que le solitaire Sylvian poursuit en solo, Karn joue avec Gary Numan, Midge Ure (Ultravox), Peter Murphy (Bauhaus) et même Kate Bush.
Rob (Dean) dine aussi avec Gary Numan et Sinéad O'Connor. Quant à Jansen et Barbieri, ils continuent ensemble jusqu'à ce que ce dernier, devienne claviériste, à part entière, de Porcupine Tree (1995).
En 1991, ils arrivent à se réunir, sans Rob Dean, sous un pseudonyme 'Rain Tree Crow' et s'il vient, Sylvian, c'est qu'il le veut bien.
Ce sera leur dernière publication discographique, Karn décédant en 2011.
David, c'est quoi ton trip avec le Japon?
"Une fois la barrière de la politesse franchie, j’ai trouvé chez les Japonais un feeling dix fois plus intense que tout ce que j’ai pu connaître avec les Anglais. Je ne sais pas communiquer avec mes compatriotes."
Et oui David s’amouraille chez les samouraïs.
On revient à l'année de la première élection de François Mitterrand et l'album 'Tin drums' sur lequel le Président ne chante pas.
Plus que Japan, c'est China en toutes lettres, dans le titre 'Visions of China', tout en retenu et je dirais même plus, jamais débridé (ahaa).
On retrouve ici toute l'inventivité des percussions qui installent un rythme quasi tribal, et très dansant, grâce aux arabesques de cette fameuse basse fretless. Les claviers sophistiqués bordent délicatement le chant précieux et mélancolique de Sylvian.
On peut dire ce que l'on veut mais ce style demeure, encore aujourd'hui, quasiment incomparable