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22 mai 2021 6 22 /05 /mai /2021 11:07
Album - Brisa Roché / Fred Fortuny* – Freeze Where U R

 Brisa Roché / Fred Fortuny* – Freeze Where U R

Label: December Square

 

Par NoPo 

 BRISA ROCHE / FRED FORTUNY Freeze where u r 2021

Brisa Roché déroute. Des routes, elle en emprunte de nombreuses pour parvenir à des destinations diverses selon ses envies.
Ecoutez le ska 'Jamaican boy' (avec les Frenchy Bost & Bim), ou ses collaborations hirsutes avec Ray Borneo... difficile de cadrer l'artiste!
L'Américaine, Française d'adoption, se produit, à son début de carrière (collant avec celui du millénaire) dans les clubs de jazz parisiens.
Puis, elle publie une dizaine d'albums (en solo ou en collaboration) jusqu' à aujourd'hui, passant allègrement du jazz à la pop, de la pop au folk, du folk au rock, du rock à l'électro. Rien ne l'arrête! A quand le métal ou le disco?
Parmi ces parutions, le trio The Lightnin 3 reprend des standards notamment rhythm & blues des 60's. Elle trouve aussi le temps de faire la bande son du film 'Yves Saint Laurent' (quelle énergie! D'autant qu'elle écrit et peint à ses moments perdus!).
Sa voix se rapproche, par instants, de celle de Rosemary Standley (chanteuse de Moriarty) justement présente dans cette association à 3.
Délicatesse, élégance, arty voire aristocrate, qualifieraient bien cette voix cristalline.


Cette année, Brisa remet le couvert (non pas sur le feu mais sur le gel) avec Fred Fortuny (ex. 'Autour de Lucie' ayant collaboré, pour des bandes originales de films, avec Da Silva), présent en pointillés depuis 2007.
Tous deux avaient déjà composé ensemble sans pouvoir aboutir mais, cette fois, la glace prend pour mieux la briser.
La réussite s'installe sur une inspiration californienne (les origines de Brisa) échappée du building des Brill brothers, à  New York, lieu d'écriture de tubes dans les 60/70's (Leiber/Stoller, Bacharach, Carole King, Paul Anka ...).

La pochette (photo Christophe Crénel et Corentin Coëplet) possède aussi ce style rétro, dans lequel Brisa semble d'ailleurs regarder, placée au volant d'une mustang vintage.
L'espoir se niche, dans le maquillage vert, des paupières de la conductrice, en écho à la couleur du t-shirt de Fred, à l'arrière du taxi et, à nouveau, rappelée dans le titre de l'album sous le nom, en blanc, des deux protagonistes.

Le disque commence par la fin. 'Last song' fait valser l'Amérique par une voix aérienne et des choeurs proches du gospel dans un clip où Brisa finit le coeur brisé.
Un bel équilibre s'opère entre profond déroulé de batterie et basse d'une grande discrétion d'un côté, et piano voix, de l'autre intimement mêlés.
Tout au long de l'oeuvre, ce piano, omniprésent, apprécie le style de Carole King.
Une larme d'orgue coule au fond comme une rivière (and you can cry me a river....). Le texte, superbement écrit, parle de séparation en amertume.

Un air léger au piano porte une voix revenue aux comédies musicales hollywoodiennes des années 40, tel un 'Tempted tune' délicieusement rétro et aux paroles mélancoliques.

Le morceau suivant nous entraîne, sans que nous ne puissions résister. Un synthé, déboussolé, zigzague, par instants, alors que Brisa sait où elle va et ce qu'elle veut ...
ou plutôt ... ce qu'elle ne veut pas! 'I don't want a man' (surtout une image mensongère des réseaux sociaux) 'Don't want no compromise I'm happier alone'.
La vidéo montre Brisa en femme indépendante. La mélodie entêtante paraît tellement évidente qu'elle en est désarmante.

Nous voici embarqués sur le morceau titre aux allures d'expérimentations proches de celles avec Ray Borneo ou des réminiscences laurieandersonniennes.

Le 'Woman with a star' fait resurgir une émotion poétique à la Patti Smith, femme fière au besoin d'émancipation et de liberté.
L'orchestration flotte, à la fois simple et grandiose, par un piano royal et les ornements d'orgue. Les choeurs, parfois un peu dissonants, apportent une emphase supplémentaire.

Un moment d'égarement bruitiste, un rêve intérieur, une pause interludique, un collage sans développement harmonique, laissent 'I love you' se chercher ou se perdre...

'Blue light' rallume la lumière sur les sonorités surannées des films d'avant-guerre alors qu'à l'inverse, les paroles dénoncent l'effet pervers de nos modernes écrans bleus.

On en vient aux deux titres les plus longs (4 mns!).

Sur les couplets, 'You were mine' s'apparente à une lente complainte aux paroles déclamées comme un hommage.
Au second, la voix de Brisa flirte avec les hauteurs atteintes par celle de Kate Bush.
Un synthé moderne et la voix, doublée par des angelots mutins, donnent de la vigueur au refrain, baignant dans une langueur amoureuse.

'I do not need repair' opère une remise en cause personnelle, sereine, et finalement réconfortante.
Un orgue soyeux et moderne respire un parfum à la Procol Harum. Le titre fluide don't need repair non plus...

Le schéma de Laurie Anderson influence de nouveau 'The pattern' hypnotique et au texte poétique.

En réponse à 'I don't want a man', 'Window gun' dégaine l'homme idéal, celui qu'on peut attendre longtemps...
Le morceau sautillant, quasi beatlesien, en clin d’œil au music-hall, dégage une ambiance 60's envoûtante, à laquelle on ne peut que succomber.
Le piano fait du sur place et une voix masculine conforte les propos de Brisa (qui sait compter jusqu'à 9). On croit percevoir quelques notes de mellotron.

Le langage amoureux de Brisa bouleverse par sa finesse et Fred, par son jeu dépouillé, lui laisse toute sa place.
'Quite clean' l'exprime si bien, comme une conclusion fulgurante à cet album sensible et touchant.


Cet ensemble musical, court, réussit le tour de force de conserver une cohérence tout en ouvrant un éventail aussi large que les aspirations éclectiques de Brisa Roché.
Compositions électro-avant-gardistes, souvenirs désuets, mélodies au coeur du temps ou plutôt des temps puisqu'il y en a plusieurs.
Les thèmes correspondent à ceux d'une vie mais d'un point de vue actuel. Brisa s'explique :
"Ces chansons parlent d’émancipation, d’amours disparus, de nostalgie, de colère contre des hommes, de séparation, d’histoires impossibles…
mais j’avais aussi envie d’évoquer notre addiction aux nouvelles technologies et à ce monde virtuel...".
De la même manière, la musique remonte tout au long d'une période de plus de 70 ans.
L'artiste semble épanouie en trouvant la bonne fortune avec Fred...


Titres enregistrés au studio ICP de Bruxelles (précisément dans le studio C, équipé d’une console NEVE de 1973)

Un album entièrement écrit et composé à quatre mains, rien n'a transpiré concernant les éventuels musiciens cachés dans le studio bruxellois


1-Last Song 3:44
2-Tempted Tune 2:09
3-Don't Want A Man 3:38
4-Freeze Where U R 2:02
5-Woman With A Star 3:00
6-I Yove Lou 2:25
7-Blue Light 2:04
8-You Were Mine 4:01
9-I Do Not Need Repair 3:58
10-The Pattern 2:16
11-Window Gun 2:54
12-Quite Clean 2:31

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